Au Royaume-Uni, Clearview AI condamné à une amende de 8,85 millions d’euros

Au Royaume-Uni, Clearview AI condamné à une amende de 8,85 millions d’euros


Après les Etats-Unis, c’est au tour du Royaume-Uni de sanctionner Clearview AI. L’entreprise américaine, spécialisée dans la reconnaissance faciale, s’est vu infliger lundi 23 mai une amende de 7,5 millions de livres sterling (soit environ 8,85 millions d’euros).

L’Information Commissioner’s Office (ICO), l’équivalent britannique de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), reproche à l’entreprise d’avoir collecté sans leur accord sur le Web et les réseaux sociaux les visages de millions de Britanniques. Plus précisément, la justice a estimé que Clearview AI n’utilisait pas sa base de données de manière « équitable et transparente », car « les individus ne sont pas informés ou ne s’attendent pas à ce que leurs données personnelles soient utilisées de cette façon ».

L’ICO a jugé que l’entreprise n’avait pas « de raison légitime » de collecter ces informations. En plus de l’amende, elle exige de la firme américaine qu’elle cesse de « récupérer et utiliser les données personnelles » et qu’elle « supprime les données des résidents britanniques de ses systèmes ».

Contactée par le média en ligne The Verge, Clearview AI a précisé que, selon elle, « la décision d’imposer une amende est incorrecte », car la firme « n’a pas de marché au Royaume-Uni » et à ce titre n’est pas soumise à la juridiction de l’ICO.

Lire aussi : L’entreprise américaine Clearview renonce à vendre ses outils de reconnaissance faciale aux entreprises

Une collecte jugée illégale

Clearview AI possède en effet une base de données de plus de 20 milliards de clichés, constituée en scannant les images publiées sur Internet dans le monde entier, par exemple sur Twitter ou sur Instagram. Et c’est justement ce point qui lui est aujourd’hui reproché.

« Au vu du nombre de Britanniques qui utilisent les réseaux sociaux, la base de données de Clearview peut contenir un nombre important de données sur les résidents britanniques, qui ont été collectées sans qu’ils soient au courant », explique l’ICO. En plus de la collecte, jugée illégale, le fonds de commerce de Clearview AI est également pointé. « L’entreprise permet non seulement l’identification des personnes, mais contrôle leurs comportements et le propose en service commercial. C’est inacceptable », a réagi John Edwards, commissaire à l’information du Royaume-Uni.

Clearview AI s’était fait connaître en proposant des services de reconnaissance faciale aux particuliers, mais également à la police. A l’aide de sa gigantesque base de données, la firme permet de comparer des visages et ainsi d’identifier des personnes à partir d’un simple cliché.

Si l’entreprise met en avant sa contribution à la sécurité publique, en ayant par exemple permis au FBI de capturer un pédocriminel argentin en 2020, le procédé en lui-même questionne de nombreux Etats et associations. Le 9 mai, l’Union américaine pour les libertés civiles avait réussi, après deux ans de bataille judiciaire, à obliger l’entreprise à ne plus vendre sa base de données à des acteurs privés dans l’Etat de l’Illinois. L’Italie et l’Australie mènent aujourd’hui une bataille similaire à celle du Royaume-Uni. En France, la CNIL a, depuis le mois de décembre 2021, mis en demeure Clearview AI de supprimer les données collectées en France et de cesser ses activités sur le territoire.

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