Mark Zuckerberg s’est levé, s’est tourné vers les bancs du public de la salle du comité à la justice du Sénat, et a présenté des excuses. « Je suis désolé de ce que vous avez dû endurer. Personne ne devrait devoir subir ce que vous avez traversé. Meta [Facebook, Instagram] continuera d’investir et de travailler pour mieux protéger les enfants. »
La scène aurait pu être touchante, historique même. Mais, mercredi 31 janvier, l’audition de cinq patrons de réseaux sociaux et services de messagerie (X, TikTok, Facebook et Instagram, Discord, Snapchat) a surtout tourné au cirque politique, sans aucune avancée notable quant au sujet initial de l’audition : l’exploitation sexuelle des mineurs sur Internet.
La salle était remplie de familles de victimes et de militants des droits de l’enfance, invités par les sénateurs. Malgré des consignes de silence données en début de séance, le président du comité, Dick Durbin (démocrate, Illinois) a laissé tout au long des débats le public applaudir à de multiples reprises lorsque les patrons de réseaux sociaux étaient mis en difficulté.
Le repentir de Mark Zuckerberg a eu lieu au terme d’un échange particulièrement vif, après que le sénateur Josh Hawley (républicain, Missouri) lui a demandé pourquoi, avec sa fortune personnelle, il ne s’engageait pas à aider lui-même les familles de victimes de pédopornographie ou de chantage aux images sexuelles.
M. Hawley lui a ensuite demandé s’il voulait profiter de l’occasion pour s’excuser auprès des victimes situées derrière lui. Face à ce piège politique grossier, le PDG de la société s’est exécuté, mais son exercice de contrition n’a sans doute pas convaincu grand monde.
Assignations à comparaître
Les dirigeants des cinq plates-formes étaient venus inégalement préparés à l’audition. Si Mark Zuckerberg et Shou Zi Chew, le responsable de TikTok, avaient accepté l’invitation des sénateurs, Linda Yaccarino (X), Evan Spiegel (Snap) et Jason Citron (Discord) sont venus contraints et forcés, après avoir reçu une assignation à comparaître formelle. Jason Citron, « qui n’a accepté de comparaître qu’après que les U.S. Marshals ont été envoyés au siège de Discord », a précisé Dick Durbin, a dû expliquer aux sénateurs des éléments basiques sur le fonctionnement de son application, dont certains élus semblaient tout ignorer.
Mais c’est Shou Zi Chew qui a fait l’objet des attaques les plus vives de la part de sénateurs républicains, et sur un sujet n’ayant rien à voir avec les violences sexuelles : ses liens présumés avec la Chine, avec des allusions parfois à la limite du racisme. « Avez-vous été un membre du Parti communiste chinois ? », lui a ainsi demandé le sénateur ultraconservateur Tom Cotton (républicains, Arkansas). « Sénateur, non, je suis Singapourien », a répondu M. Zi Chew, qui s’est aussi vu demander à deux reprises ce qui s’était passé « place Tiananmen en 1989 ».
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