Cerné par le gris des tours et des parkings, Jacques, cadre anonyme dans un bureau anonyme, rêve de lumineuses baies vitrées donnant sur un paysage verdoyant. Au lieu des 3 mètres carrés qui lui sont attribués dans son austère open space, il imagine une vaste pièce où accueillir toute son équipe, sans avoir à se pousser ou à ranger les dossiers qui traînent.
Lancée en version bêta en août 2021 par Facebook, Horizon Workrooms veut faire du rêve de Jacques une réalité – virtuelle. Pilier du métavers de la firme américaine, cette application offre un espace de travail dématérialisé, dans lequel les salariés se déplacent sous la forme de petits avatars. A l’aide d’un casque de réalité virtuelle et d’une manette, ils peuvent écrire au tableau, discuter avec leurs collègues… le tout de chez eux, confortablement installés dans leur salon.
Les espaces virtuels interconnectés seraient le moyen de rompre la solitude du télétravailleur et de rendre plus concrète, si l’on peut dire, son appartenance au collectif de travail. Avec cette application proche du jeu vidéo, Mark Zuckerberg rêve de concurrencer les poids lourds de la visioconférence. Revenue sur le devant de la scène avec l’explosion du télétravail, l’utilisation de la réalité virtuelle au travail ne date pas d’hier. IBM a dépensé, dès le début des années 2000, des millions de dollars dans Second Life, en organisant des meetings géants sur la célèbre plate-forme.
En 2020, le fabricant taïwanais de smartphones HTC a fait date en lançant la toute première version de Vive Sync, une plate-forme qui permet de tenir des réunions par avatars interposés dans un environnement en réalité virtuelle. La pandémie de Covid-19 a ouvert de nouveaux horizons à ces applications. En avril 2020, près de 6 600 avatars se sont promenés dans les allées pixélisées de la toute première édition du salon français Laval Virtual, consacré sans surprise à la réalité virtuelle et augmentée.
Manifestation d’avatars
Stealink, Teamflow, MeetinVR… Aujourd’hui, les solutions qui proposent de mettre à disposition des entreprises des bureaux virtuels se sont multipliées. Les pontes de la visioconférence sentent le vent tourner. Bill Gates, fondateur du géant informatique Microsoft, l’a lui-même annoncé : « D’ici deux ou trois ans, je prédis que la plupart des réunions virtuelles passeront des réseaux d’image caméra en 2D (…) au métavers », dans une note parue en décembre 2021 sur son blog.
Courant 2022, Microsoft devrait déployer sa propre solution de « virtuoconférence », baptisée Mesh for Teams, où les salariés auront la possibilité d’apparaître sous forme d’avatar dans Teams ou dans un espace de réunion virtuel. De son côté, Cisco, le leader américain des réseaux de communication par Internet, a annoncé, en octobre 2021, qu’il sera bientôt possible d’organiser des réunions sur son outil WebEx sous la forme d’un hologramme.
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