Ceux qui comptaient sur Renée DiResta et son équipe de l’Observatoire d’Internet de Stanford (Stanford Internet Observatory, SIO) pour les aiguiller dans le maquis de la désinformation, à l’approche des élections du 5 novembre aux Etats-Unis, devront trouver d’autres sources. L’université californienne a refusé de renouveler le contrat de la chercheuse, une figure reconnue de la lutte contre la propagande en ligne, cible elle-même de nombreuses attaques complotistes.
Selon Renée DiResta et ses amis, la direction de Stanford a capitulé devant les pressions exercées par les ultraconservateurs et leurs relais républicains au Congrès pour obtenir la fermeture d’une organisation qui avait aidé à traquer la propagation de fausses informations sur le résultat de l’élection présidentielle de 2020 et l’efficacité des vaccins contre le Covid-19.
Le contrat de Renée DiResta et d’une partie de son équipe n’a pas été renouvelé. Leur départ, qui s’ajoute à celui, en novembre 2023, du fondateur du SIO, Alex Stamos, l’ancien directeur pour la sécurité de Facebook, aboutit de fait à un démantèlement des activités de l’observatoire. L’université a démenti souhaiter sa fermeture, mais elle a précisé que les employés restants se concentreraient surtout sur « la sécurité des enfants et d’autres préjudices en ligne ».
Poursuites pour violation du premier amendement
En ligne de mire : le projet conjoint que l’observatoire menait avec trois autres entités, dont l’université de Washington. Celui-ci, appelé « Election Integrity Partnership » était accusé de censure par les partisans de Donald Trump. En 2023, le représentant ultraconservateur de l’Ohio, Jim Jordan, président de la commission judiciaire de la chambre, avait tenté de discréditer les chercheurs par des auditions à la sous-commission sur « l’instrumentalisation du gouvernement fédéral ».
Celles-ci ont découlé sur des poursuites en justice contre Stanford pour « violation du premier amendement sur la liberté d’expression » et contre Alex Stamos et Renée DiResta, visés directement par une procédure intentée par America First Legal, l’organisation dirigée par Stephen Miller, l’ancien conseiller de Trump.
Les chercheurs participant au projet ont été inondés de convocations et de demandes de documents, qui ont entraîné des millions de dollars de frais juridiques pour Stanford. Les e-mails rendus publics grâce à la procédure ont montré que les petites mains – des étudiants des établissements concernés − recommandaient l’élimination de blagues, de satires et d’opinions jugées non conformes, ce qui a renforcé les conservateurs dans leur certitude d’être en train de démanteler « le plus grand programme de surveillance de masse et de censure de masse de l’histoire américaine », selon le texte de la plainte de Stephen Miller contre Stamos et DiResta.
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