Une étude confirme, s’il en était besoin, que limiter le temps d’écran chez les très jeunes enfants est crucial. En cas de surexposition, les enfants se montrent en effet plus anxieux et moins prompts à prendre des décisions.
À Singapour, un groupe de chercheurs a suivi pendant plus de dix ans un groupe de 168 enfants, et par le truchement de questionnaires et d’IRM du cerveau des minots à plusieurs âges (entre 4 et 7 ans), ils ont pu constater une chose alarmante. Ceux qui ont été exposés aux écrans dès la petite enfance (avant l’âge de deux ans) prennent des décisions plus lentement durant l’enfance, puis présentent des symptômes d’anxiété plus marqués à l’adolescence.
Écrans trop précoces
L’exposition excessive aux écrans semble favoriser chez les tout-petits une accélération de la maturation des réseaux cérébraux impliqués dans le traitement visuel et le contrôle cognitif. « Au cours d’un développement normal, les réseaux cérébraux deviennent progressivement plus spécialisés avec le temps», explique Huang Pei, l’auteure principale de cette étude au long cours. Cette spécialisation plus rapide due aux écrans se réalise « avant d’avoir développé les connexions efficaces nécessaires à une pensée complexe », ajoute-t-elle.
Les scores d’anxiété sont plus élevés chez les membres de la cohorte ayant passé davantage de temps devant des écrans avant l’âge de deux ans. Selon l’étude, les nourrissons passaient en moyenne « plus d’une heure à deux heures par jour » devant des écrans. Or, l’Organisation mondiale de la Santé recommande d’éviter toute exposition sédentaire aux écrans chez les bambins d’un an, et de la limiter à une heure maximum par jour chez les enfants de deux ans. L’OMS ajoute même que « moins, c’est mieux ».
On en est donc loin avec ce groupe, et les chercheurs craignent que la situation ait empiré puisque les données de temps d’écran ont été recueillies principalement entre 2010 et 2014 — avant la pandémie qui a obligé de nombreux enfants à rester à la maison. « Les niveaux déjà élevés d’exposition aux écrans que nous observions il y a dix ans sont probablement encore plus importants aujourd’hui », préviennent-ils, « ce qui rend les implications de nos résultats pour le développement [des enfants] d’autant plus urgentes. »
La bonne nouvelle, c’est que rien n’est figé. Les auteurs rappellent que l’exposition aux écrans dans la petite enfance dépend largement des pratiques parentales — et qu’il existe des alternatives efficaces. La lecture partagée, en particulier, apparaît comme un puissant contrepoids, elle est susceptible d’atténuer certaines modifications cérébrales observées chez les enfants très exposés aux écrans. Ce n’est pas inutile de le rappeler, alors que les tablettes et les smartphones s’invitent de plus en plus tôt dans la vie des tout-petits.
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Source :
The Register