Armoires techniques dégradées, branchements sauvages, coupures intempestives…. L’Essonne est régulièrement pointé du doigt quand on parle de qualité de service des infrastructures de fibre optique. Selon l’Arcep, les réseaux du département font partie des quelque 2 % de lignes exploitées sur le territoire présentant un nombre d’incidents significativement plus élevé que la moyenne nationale avec des taux de pannes de dix à cinquante fois supérieurs.
Les cinq opérateurs qui opèrent sur le territoire – l’opérateur d’infrastructures Altitude Infra et les quatre opérateurs commerciaux Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR – ont pris le taureau par les cornes.
En mars dernier, ils décidaient de mettre en place des mesures exceptionnelles pour réduire de moitié le taux de pannes des trois réseaux en fibre optique en Essonne : Seine Essonne, Europ’Essonne, Sequantic.
Coordination sur le terrain
Pendant six mois, cette opération « coup de poing » visait à assurer une action coordonnée sur le terrain des différentes équipes afin de remédier rapidement aux difficultés rencontrées. Pour éviter que chacun ne se renvoie la balle, l’opérateur d’infrastructure et les quatre opérateurs commerciaux devaient se mettre d’accord sur les interventions à engager en priorisant les actions à plus fort impact.
Six mois après, le bilan est plutôt mitigé. Dans un communiqué, le Sipperec, syndicat intercommunal de la périphérie de Paris qui intervient dans les domaines de l’énergie et du numérique et dont la vice-présidente, Sophie Rigault, est maire (DVD) de Saint-Michel-sur-Orge, commune d’Essonne, a observé « une nette amélioration de la qualité sur le réseau », mais « cet impact n’a malheureusement pas été durable ».
Quelques mois seulement après la réalisation des travaux – remise en état des armoires de points de mutualisation (PM) et des boîtiers de points de branchement optique (PBO), le syndicat, note « une détérioration rapide des ouvrages en raison des interventions mal contrôlées des sous-traitants chargés des raccordements ». Il en fait la preuve en images en publiant les photos d’une même armoire à dix mois d’intervalle.
Stop au STOC
Le Sipperec dénonce explicitement le mode STOC (sous-traitance par l’opérateur commercial) qui « constitue la principale menace pour la qualité et la pérennité des réseaux ». Pour rappel, ce régime permet à un opérateur commercial de confier à des sous-traitants, voire à des sous-traitants de sous-traitants, les raccordements à l’abonné. Ce qui conduit à une dilution des responsabilités.
Le syndicat fait sienne une proposition du sénateur Patrick Chaize visant à ce que les opérateurs d’infrastructures (OI) reprennent la main sur les raccordements. Il demande ainsi de mettre en place au plus vite ce mode OI sur les deux réseaux publics Sequantic et Europ’Essonne « afin de donner à Altitude Infra la capacité de maîtriser pleinement l’exploitation des réseaux dont il a la charge en sa qualité de délégataire. » Le Sipperec souhaite expérimenter le mode OI sur les communes de Saint-Michel-sur-Orge et de Nozay.
Enfin, le syndicat rappelle qu’Altitude Infra, dans le cadre de son plan de reprise Spring, prévoit d’investir d’ici la fin 2025 près de 7 millions d’euros supplémentaires pour la remise en état d’une centaine de zones arrière de point de mutualisation (ZAPM) sur les deux réseaux. « De tels montants d’investissements ne peuvent être engagés tous les 18 mois pour financer la remise en état des réseaux dégradés par le mode STOC sans menacer à terme l’équilibre financier des deux délégations de service public. »