Bill Gates est fermement opposé à la perspective d’un moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle. Tout en reconnaissant les risques posés par l’IA, le cofondateur de Microsoft se concentre surtout sur ses innombrables bénéfices…
Redoutant que le boom de l’IA ne mette en danger la société, des milliers de personnes, dont des centaines d’experts du secteur de la technologie, réclament un moratoire de six mois sur le développement de l’intelligence artificielle. La lettre, signée par des pointures de la Silicon Valley comme Elon Musk ou Steve Wozniak, demande aux centres de recherche sur l’IA de suspendre leurs activités, en attendant que les risques soient devenus « gérables » :
« Cette pause devrait être publique et vérifiable, et inclure tous les acteurs clés. Si un tel arrêt momentané ne peut être mis en place rapidement, les gouvernements devraient intervenir et instaurer un moratoire ».
Une mesure impossible ?
Pour Bill Gates, l’illustre cofondateur de Microsoft, un moratoire n’est pas une solution. Interrogé par Reuters, le philanthrope américain estime que « demander à un groupe particulier de faire une pause » ne résout pas les défis soulevés par l’IA. À ses yeux, il est complètement inutile de demander à OpenAI, la start-up qui derrière ChatGPT, d’interrompre son travail sous prétexte que la technologie suscite l’inquiétude.
De plus, le pionnier de l’informatique voit mal de quelle manière il serait possible d’imposer un moratoire à l’échelle mondiale. Comme le remarque Bill Gates, la suspension réclamée par Elon Musk et consorts serait très difficile à mettre en pratique.
« Je ne comprends pas vraiment qui, selon eux, pourrait s’arrêter, ni si tous les pays du monde accepteraient de s’arrêter, ni pourquoi il faudrait s’arrêter », déclare Gates, ajoutant qu’il y a « beaucoup d’opinions différentes dans ce domaine ».
En marge de la publication de la lettre ouverte, l’Italie a pris la décision de bloquer ChatGPT sur son territoire, affirmant que le chatbot enfreint le RGPD, le règlement européen sur la protection des données personnelles. Peu après, le Royaume-Uni s’est fendu d’un avertissement à destination des géants de la tech engagés dans la course à l’IA. L’Information Commissioner’s Office, l’organisme britannique chargé de veiller à la protection des données, exhorte les entreprises à respecter la vie privée des internautes qui conversent avec les algorithmes.
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Les atouts de l’IA
Considérant que l’IA est la plus grande révolution depuis l’ordinateur personnel, Bill Gates recommande plutôt de s’intéresser aux « zones délicates » de cette technologie. Au lieu de repousser le problème à plus tard, le milliardaire conseille aux chercheurs de se pencher dès maintenant sur les risques de l’intelligence artificielle. Il encourage surtout les gouvernements à travailler main dans la main avec les acteurs de l’industrie pour réduire les risques.
« Comme la plupart des inventions, l’intelligence artificielle peut être utilisée à des fins bénéfiques ou maléfiques », résumait déjà Bill Gates le mois dernier.
Le cofondateur de Microsoft rappelle que les IA ont d’abord « d’énormes avantages ». Dans un billet de blog publié le mois dernier, Bill Gates expliquait notamment que l’IA est susceptible de sauver des vies, de réduire les inégalités et d’améliorer l’éducation des populations les plus défavorisées. Malgré les risques, les changements et les défis, le philanthrope se positionne donc en faveur de la poursuite du développement de l’intelligence artificielle. Même son de cloche du côté de Google, qui a récemment lancé le chatbot Bard. Sundar Pichai, PDG de l’entreprise, s’est en effet opposé à la perspective d’un moratoire sur les progrès de l’IA.
Source :
Reuters