Les autorités fédérales américaines avaient clairement affiché en février leur volonté de mettre de l’ordre sur le marché des cryptomonnaies, après la faillite retentissante de FTX, une plate-forme longtemps passée entre les mailles du filet réglementaire.
Trois mois plus tard, une nouvelle offensive a débuté, dirigée par Gary Gensler, le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), pourfendeur de longue date des « crypto ».
M. Gensler a ainsi détaillé lundi 5 juin une liste de 13 griefs visant Binance, la principale plate-forme mondiale d’échanges de cryptoactifs, ainsi que sa filiale aux Etats-Unis et son directeur général, le très médiatique Changpeng Zhao. Dans un document de 136 pages, il leur reproche pêle-mêle d’enfreindre la réglementation boursière, de contourner leurs propres mécanismes de contrôle des transactions, de manipuler les cours et de tromper les investisseurs. Dans ces conditions, appuie la SEC, « le public doit se garder d’investir la moindre part de ses avoirs durement gagnés sur ces plates-formes illégales ».
Approche punitive
Le dossier Binance à peine ouvert, le gendarme de Wall Street a dévoilé mardi 6 juin une deuxième plainte, qui vise Coinbase, autre grande plate-forme « crypto », qu’elle accuse d’avoir permis à des investisseurs américains d’effectuer des transactions sur des actifs qui sont à ses yeux des titres financiers mais qui n’ont jamais été enregistrés comme tels.
Coinbase promet pour l’instant de poursuivre ses activités, tout en regrettant l’approche uniquement punitive choisie par la SEC « en l’absence de règles claires dans le secteur des actifs numériques ».
La situation est plus délicate pour Binance : sa filiale aux Etats-Unis, Binance. US, a annoncé jeudi 8 juin suspendre les dépôts en dollars de ses clients, en expliquant que ses banques partenaires s’apprêtaient à interrompre les retraits en dollars à partir du 13 juin. En clair, ses clients aux Etats-Unis ne pourront bientôt plus liquider leurs positions en cryptoactifs pour récupérer leur mise en billets verts. Un coup de frein forcé à l’activité qui résulte, selon la société, de « la tactique extrêmement agressive et intimidatrice de la SEC dans le cadre d’une campagne idéologique ».
L’impact de l’annonce de Binance. US devrait être limité : selon le fournisseur de données spécialisé CCData, les volumes d’échange de Binance. US ne représentaient en mai que 5,86 milliards de dollars (5,44 milliards d’euros), contre 212 milliards pour Binance.com, qui centralise les activités non américaines du groupe. Mais les poursuites lancées par la SEC ne font qu’amplifier une baisse d’activité sensible depuis mars, que CCData chiffre à 26 % pour Binance pour le seul mois de mai.
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