Et un obstacle de moins sur la route du rachat de La Poste Mobile par Bouygues Telecom. Dans un avis publié le 19 août, l’Autorité de la concurrence approuve ce projet de prise de contrôle exclusif. Elle estime que l’opération n’est pas de nature à porter atteinte à la concurrence sur le marché français de la téléphonie mobile.
L’Autorité juge que « l’opération entraînait une modification limitée de la structure de la concurrence en raison des parts de marché limitées de La Poste Telecom », qui revendique 2,3 millions clients. Principal opérateur virtuel (MVNO) en France, La Poste Mobile devrait dégager, pour l’exercice en cours, un Ebitdaal (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) de 48 millions d’euros pour un chiffre d’affaires attendu de 336 millions d’euros.
Pas d’atteinte à la concurrence
Lancée en 2011 par le groupe La Poste pour diversifier ses activités, La Poste Mobile emploie environ 400 collaborateurs. Avec ce rachat, dont le montant est estimé à 950 millions d’euros, Bouygues Telecom bénéficiera d’un réseau de distribution particulièrement dense constitué par les quelque 7 000 bureaux de poste répartis sur tout le territoire.
L’importance de ce réseau doit, selon l’Autorité, être relativisée en raison de la part croissante des ventes à distance – ventes en ligne et télévente – dans le domaine de la téléphonie mobile, « qui représentent aujourd’hui les deux tiers des ventes » de ce marché. Ainsi, « les consommateurs continueront à disposer d’alternatives » […], y compris dans des zones rurales où les concurrents de Bouygues Telecom ne disposent pas d’agences physiques. »
Enfin, l’Autorité a jugé que cette opération ne permettrait pas à Bouygues Telecom « de refuser l’accès ou de dégrader les conditions d’accès en temps de communication sur le marché amont de gros de l’accès et du départ d’appel sur les réseaux téléphoniques mobiles aux opérateurs MVNO concurrents de La Poste Telecom »
Un grain de sable nommé SFR
Si l’horizon se dégage pour Bouygues Telecom, ce dernier doit encore avoir l’aval de l’autre actionnaire de La Poste Mobile, en l’occurrence SFR qui détient 49 % de son capital. Le deuxième opérateur français dispose d’un droit de préemption sur les parts cédées par La Poste ainsi qu’un droit d’agrément sur l’acquéreur.
Altice France, qui détient SFR, traîne des pieds. Fortement endetté, le groupe de Patrick Drahi entend valoriser cet actif. Selon les informations du Monde, les deux associés se disputent sur la répartition des 950 millions d’euros promis par Bouygues Telecom.
Pour La Poste, le partage doit se faire au prorata de la participation de chacun au capital, donc 51 % pour le groupe public et 49 % pour SFR. Ce dernier ferait un autre calcul. Estimant qu’« une grande partie de la valeur de La Poste Mobile provient du contrat télécoms », l’opérateur réclame les trois-quarts des fruits de la vente, soit environ 700 millions d’euros.
Pour sa part, La Poste estime que le succès de La Poste Mobile vient pour une bonne part de son réseau d’agences postales comme en témoignent les enquêtes de satisfaction clients. Le groupe postal rappelle, par ailleurs, que le contrat télécoms passé avec SFR expire en 2026.
Cette différence de vue paralyse l’opération annoncée le 22 février dernier. En cas de désaccord persistant, l’affaire pourrait se régler devant les tribunaux à moins que Bouygues Telecom ne jette l’éponge d’ici là.