Frédéric Soulier, maire (Les Républicains) de Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et président de l’Agglo de Brive, est à bout. Pas un jour sans qu’un de ses administrés ne se plaigne de ne pas être raccordé à la fibre optique. Normalement, le chantier, confié à Orange en 2010, aurait dû être achevé fin 2020. Mais, selon l’élu corrézien, il manque environ 6 000 prises, soit 12 % des foyers des quatorze communes concernées, dont Brive, pour atteindre l’objectif contractuel des 100 %.
« Orange n’a déployé que 24 prises en octobre. A ce rythme, il faudrait attendre encore trois années pour obtenir la complétude du réseau », s’est étranglé M. Soulier, lors d’une conférence de presse organisée mardi 6 décembre à la mairie de Brive. L’élu a bien alerté ces deux dernières années, à plusieurs reprises, l’opérateur et le régulateur des télécoms, l’Arcep, sur les retards incessants d’un chantier pourtant amendé pour tenir compte notamment des perturbations créées par la crise sanitaire due au Covid-19. Mais rien n’a changé.
« Orange reste poli, mais on sent qu’on est infinitésimal face à ce géant », regrette le maire de Brive. Résultat : il a décidé de frapper plus fort. Après trop de « filouteries », et face à ce qu’il qualifie désormais de « fiasco Orange », M. Soulier va demander au gouvernement et à l’Arcep de pouvoir reprendre le chantier à l’opérateur pour cause de défaillance, comme l’autorise, selon lui, le code des postes et télécommunications. Il sera ensuite confié à Dorsal, le syndicat mixte chargé du déploiement de la fibre dans le reste de l’agglomération et du département, qui, lui, se targue d’avoir déjà atteint les 100 % bien qu’ayant démarré cinq ans après Orange.
Des chiffres qui divergent
« C’est bien la preuve qu’il y a un problème de gestion du chantier », lance le maire de Brive. L’Agglo de Brive demande au passage une réparation financière à l’opérateur jugé défaillant, comprise entre 9 millions et 25 millions d’euros, ce qui permettrait de payer Dorsal pour le déploiement des 6 000 prises manquantes. S’il le faut, la communauté d’agglomération est prête à aller devant le tribunal administratif pour obtenir gain de cause. Orange ne commente pas l’action engagée par l’agglomération, mais conteste les chiffres avancés.
Selon l’opérateur, qui rappelle avoir financé ce chantier sur ses fonds propres dans le cadre légal d’un appel à manifestation d’intention d’investissement (Amii), « 46 500 logements sont déjà éligibles à la fibre optique dans les quatorze communes concernées », soit, « sur ce périmètre, un taux d’éligibilité de 93 % ». L’écart entre le chiffre avancé par la commune et celui de l’opérateur s’explique par une base de calcul différente : quand l’Agglo de Brive se fonde sur les chiffres cadastraux, qui incluent les nouvelles constructions, Orange part de données Insee plus anciennes et se rapporte aux chiffres contenus dans l’accord initial de 2010.
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