Il ne reste que 11 jours à l’Union européenne pour trouver un accord sur les terres rares : des négociations de haut niveau ont lieu cette semaine pour tenter d’éviter de possibles pénuries qui mettraient à l’arrêt les industries automobile et de la défense européennes.
Si aucun accord n’est trouvé entre l’Union européenne et la Chine d’ici le 8 novembre, les restrictions aux exportations de terres rares, annoncées par la Chine début octobre, s’appliqueront. Pour éviter un tel scénario noir qui pourrait ralentir, voire arrêter les sites de production du Vieux continent, des négociations « de haut niveau » ont lieu cette semaine. Olof Gill, porte-parole de l’exécutif européen, a indiqué, dans un point presse du lundi 27 octobre, qu’une délégation chinoise était attendue à Bruxelles cette semaine.
Pour le responsable européen, l’Europe doit, « à court terme, relever ce défi concernant l’accès aux matières premières essentielles. Nous collaborons avec la Chine à ce sujet cette semaine afin de trouver une solution constructive ». « À moyen et long terme », a-t-il rappelé, « nous avons mis en place un certain nombre d’initiatives qui renforceront au sein du marché intérieur » l’accès à ces composants essentiels. Au niveau international, des partenariats commerciaux ont aussi été conclus, a-t-il ajouté.
Un quasi-monopole chinois utilisé dans la guerre commerciale
Pour rappel, le conflit sur les terres rares a éclaté début octobre, lorsque Pékin a décidé d’imposer des limitations à l’exportation des terres rares, en représailles aux mesures prises à son encontre par les États-Unis. La Chine est le premier exportateur mondial de ces « métaux rares » produits en très faible quantité, comme les lanthane, cérium, samarium, gadolinium, yttrium, néodyme, prométhium, praséodyme, erbium… – il en existe 17. Ces composants sont indispensables à la fabrication de semi-conducteurs, de matériel de défense (drones, robot, missiles), de l’aérospatial, des moteurs, des voitures, des serveurs d’IA, des éoliennes et des smartphones…
L’Agence internationale de l’énergie estime que la Chine représente environ 61 % de la production de terres rares au monde, et 92 % de leur traitement. Ce quasi-monopole donne à Pékin un poids considérable, utilisé à l’envi dans sa guerre commerciale avec Washington. Problème : les restrictions annoncées s’appliqueront aussi à l’Europe, qui dépend grandement de Pékin pour s’approvisionner en ces matériaux indispensables à son industrie automobile et de la défense.
Une nouvelle initiative et un « bazooka commercial »
À côté de ces négociations entre l’Europe et la Chine, d’autres initiatives ont été lancées ou évoquées par des responsables européens. Samedi 25 octobre, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a annoncé un nouveau projet appelé « Ressource EU ». Selon Paula Pinho, porte-parole de l’exécutif européen qui s’exprimait aussi pendant le point presse, l’initiative « permettra de garantir précisément l’accès aux matières premières essentielles, de stimuler notre production nationale, d’organiser des achats groupés, de constituer des stocks, de recycler et d’étendre nos partenariats ». On ne sait pas encore sous quelle forme ce projet devrait se concrétiser.
L’instrument anti-coercition européen pourrait également être utilisé, a suggéré la présidente de la Commission européenne le week-end dernier. Une hypothèse aussi évoquée par Emmanuel Macron, le président de la République, pendant un sommet européen, rapporte Contexte, ce mardi 28 octobre. Ce nouvel outil, mis en place par un règlement européen en 2023, et parfois surnommé comme le « bazooka commercial », n’a pour l’instant jamais été mis en œuvre.
Il permet à Bruxelles de « lutter contre les restrictions commerciales injustes imposées par les pays tiers » en décidant notamment « de restrictions liées au commerce, aux investissements et au financement ». Concrètement, il est le moyen pour l’UE d’adopter des mesures limitant directement le commerce de certains services en son sein, ou limitant l’accès à des marchés publics, précise le site du Parlement européen.
Le brûlant dossier Nexperia aussi en discussion ?
À côté des terres rares, les deux délégations de haut niveau devraient aussi discuter du dossier Nexperia, du nom de ce fabricant de puces électroniques néerlandais, propriété d’un groupe chinois. Fin septembre, les Pays-Bas ont pris le contrôle de cette société domiciliée dans le pays pour échapper à des sanctions américaines. En représailles, la Chine a imposé des restrictions à l’exportation des semi-conducteurs Nexperia fabriqués en Chine, ce qui a inquiété l’industrie automobile du Vieux continent, dont une partie dépend de ces puces.
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Interrogé hier par le Financial Times, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a déclaré qu’il était « crucial pour les entreprises allemandes et européennes que nous trouvions rapidement des solutions durables, en particulier pour l’approvisionnement régulier en terres rares et en puces informatiques ». Selon nos confrères, les États-Unis, en pleine négociation commerciale avec la Chine depuis des mois, s’attendent à ce que Pékin reporte ses contrôles à l’exportation des terres rares.
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