Bruxelles reporte tout, l’Europe se déchire

Bruxelles reporte tout, l'Europe se déchire



Bruxelles reporte au 16 décembre ses arbitrages sur la fin du thermique. Entre l’Allemagne qui freine et la percée chinoise, l’UE est au bord de la crise de nerfs.

La Commission européenne est dos au mur. Alors qu’on attendait ce mercredi 10 décembre des annonces cruciales pour graver dans le marbre la fin des moteurs thermiques en 2035, Bruxelles a sifflé un temps mort. Tout est renvoyé au 16 décembre, signe que le dossier est devenu explosif politiquement et industriellement.

Ce délai de quelques jours n’a rien d’anecdotique. Il révèle une fracture profonde au sein de l’Union autour de ce qui devait être l’une des pièces maîtresses du Pacte vert. La trajectoire vers le tout-électrique, pensée comme une colonne vertébrale climatique, se transforme en champ de tensions entre objectifs environnementaux, impératifs industriels et choc économique.

L’Allemagne mène la fronde du thermique

Le couple franco-allemand ne parle plus d’une seule voix. À Berlin, le chancelier Friedrich Merz a pris la tête de la contestation, soutenu par plusieurs États membres, dont l’Italie, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie ou encore la République tchèque. Ces pays réclament de rouvrir le débat et de reconnaître une véritable « neutralité technologique » après 2035, en laissant une place aux hybrides rechargeables et aux carburants de synthèse plutôt que de basculer vers un 100% électrique pur et dur.

Pour eux, parier uniquement sur la voiture à batterie serait un pari suicidaire pour l’emploi et la compétitivité de leur industrie automobile. En Allemagne, où le secteur emploie des centaines de milliers de personnes, la crainte d’une casse industrielle accélérée se conjugue avec la pression de la concurrence chinoise et le choc durable de la crise énergétique.

En face, la France tente de sauver les meubles. Pour Paris, revenir sur cette date butoir serait un signal désastreux pour les investisseurs, au moment même où l’Hexagone inaugure ses gigafactories, comme celle de Verkor. Pourtant, même l’Élysée semble prêt à lâcher du lest sur la flexibilité, conscient que le dogme du tout-électrique se heurte au mur de la réalité.

L’industrie tire la sonnette d’alarme

Il faut dire que le tableau économique vire au rouge vif. Les constructeurs ne cachent plus leur inquiétude. Ford vient de publier un communiqué cinglant, appelant à plus de réalisme et à une transition « en douceur » via l’hybride.

Même son de cloche chez Renault. François Provost a prévenu : sans flexibilité sur les émissions de CO2 pour les utilitaires, des usines comme celles de Sandouville ou Maubeuge pourraient tout simplement arrêter la production.

Le constat est implacable et justifie cette panique. Depuis 2024, la filière a déjà détruit environ 45 000 emplois, tandis que le marché français s’est effondré de près de 28 % en seulement cinq ans. Une situation critique qui pousse Antonio Filosa, chez Stellantis, à qualifier les règles bruxelloises de « mauvaises, mauvaises, mauvaises ».

Le spectre de la déferlante chinoise

Pire encore, l’Europe est en train de perdre sa souveraineté. La balance commerciale automobile avec la Chine s’est inversée. Alors que nous étions excédentaires de 15 milliards d’euros en 2022, le déficit sur les pièces détachées est de l’ordre de 3,4 milliards d’euros en 2024.

Face à ce constat, Emmanuel Macron, en déplacement à Pékin, martèle le besoin d’une « préférence européenne ». Il pousse pour que les aides publiques soient conditionnées à un véhicule intégrant 75 % de contenu local. Une mesure de protectionnisme assumé pour contrer le dumping chinois, mais qui divise encore les États membres, certains craignant des représailles commerciales.

Vers un assouplissement inévitable le 16 décembre ?

Tout indique que Bruxelles va devoir mettre de l’eau dans son vin. La piste la plus sérieuse est celle d’une reconnaissance des motorisations alternatives (hybrides, prolongateurs d’autonomie) au-delà de 2035.

L’UE pourrait aussi assouplir les règles pour les utilitaires légers et tenter de favoriser les petites voitures électriques abordables (autour de 15 000 euros). Une chose est sûre : le rêve d’une Europe 100 % électrique et unie en 2035 semble avoir pris un sérieux coup dans l’aile.

👉🏻 Suivez l’actualité tech en temps réel : ajoutez 01net à vos sources sur Google Actualités, abonnez-vous à notre canal WhatsApp ou suivez-nous en vidéo sur TikTok.

Source :

Automobile Propre



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.