Moins ambitieux et élitiste que les boîtiers hybrides qu’il a lancés récemment, Canon revient sur le terrain des appareils photo APS-C grand public avec l’EOS R50. Un boîtier qui cible les « créateurs » et tous ceux qui veulent aller plus que la photo au smartphone.
En plus de son EOS R8 lancé ce jour à 1799 €, Canon annonce aussi un appareil moins ambitieux et moins pro : l’EOS R50. Voulant « recréer des gammes plus grand public comme à l’ère des reflex » comme nous ont confié les équipes de Canon France, le géant de l’image lance ici un appareil avec un plus petit capteur. Point de « plein format » 24×36 mm, mais un capteur APS-C « déjà autre moins quatre fois plus grand que les capteurs de smartphones », nous assure-t-on. Bon, ça ne vaut pas pour les (rares) modèles de smartphones équipés de capteurs 1 pouce, mais vous avez l’idée.
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Avec un tarif de 829 € boîtier nu, l’EOS R50 est une rareté en ce moment dans le milieu de la photographie : un appareil à moins de 1500-2000 €. Alors que la photo s’est recentrée sur son audience historique de passionnés et que les smartphones ne cessent de progresser, il reste encore de la place pour ceux qui ont envie d’optiques, d’arrière-plans (naturellement) flous et autres… sans avoir à (trop) se saigner.
Corriger le défaut vidéo de l’entrée de gamme de Canon
La cible de cet appareil est comme bien souvent dans cette catégorie de prix, « les créateurs ». Comprendre tous ceux qui veulent faire des images fixes et animées et qui cherchent à se distinguer des rendus des petits capteurs des smartphones. Dans la gamme, il s’insère entre le vieillissant EOS M50 Mark II lancé fin 2020 aux USA (et seulement début 2021 en Europe !) et l’EOS R10 lancé début 2022. Ce dernier garde l’avantage en matière de profondeur de buffer – nombre d’images qu’il peut encaisser en rafale. Mais cède sur un défaut de l’entrée de gamme vidéo de Canon : le recadrage.
L’EOS R50 est en effet équipé d’un capteur Dual Pixel dépourvu de coefficient de recadrage. Un atout majeur pour ceux qui veulent profiter pleinement de leurs focales grand-angles. Plus modeste que son grand frère l’EOS R8, l’EOS R50 se contente de 4K30p (au lieu de 4K60p). Mais il conserve son échantillonnage en 6K, ce qui devrait garantir une excellente qualité d’image – plus le processeur a de pixel à échantillonner, plus le niveau de détails en sortie est élevé. Pour les ralentis, un mode Full HD 120p est disponible, mais les cinéastes regretteront l’absence de sortie casque pour contrôler le niveau du volume.
Partition photo solide, manque d’optiques natives
Le capteur Dual Pixel de 24,2 Mpix n’est pas de dernière génération, mais devrait déjà offrir de solides performances autofocus. La rafale est largement suffisante pour un usage normal, avec 15 i/s en obturateur électronique et 12 i/s en obturateur mécanique – c’était le niveau de vitesse des boîtiers sport il y a dix ans. En matière de profondeur de mémoire tampon, on est cependant sur une partition plus légère, avec seulement 42 images Jpeg ou 7 en RAW à 12i/s et 28 Jpeg et 7 RAW en 15i/s. Ça dépanne pour une scène d’action, mais ça ne permet pas de « travailler » – Canon a d’autres boîtiers (plus chers) pour ça !
Conçu comme un boîtier très grand public, l’EOS R50 profite d’un viseur électronique en plus de l’écran (pas luxueux avec ses 2,36 Mpix, mais ça fera le job) mais il ne dispose ni de molette, ni de joystick. Et sa griffe n’est pas compatible avec les anciens flashes (pas de contacteur ISO), etc. Des manques qu’on ne peut pas lui reprocher vu le prix. Ce que l’on regrette un peu plus, c’est le manque d’optiques APS-C natives dont Canon dispose à l’heure actuelle, avec seulement trois modèles natifs. Trois me direz-vous ?
Oui, car aux 18-45mm F4.5-6.3 IS STM et 18-150mm F3.5-6.3 IS STM déjà au catalogue, une nouvelle référence est lancée en même temps que ce petit boîtier. Un petit téléobjectif grand public appelé RF-S 55-210 f/5-7,1 IS STM. Une optique dont le nom se décode ainsi : un zoom en monture RF pour les plus petits capteurs APS-C allant de 55 à 210 mm (et donc équivalent à un 88-336 mm avec le coefficient multiplicateur de x1,6). Une optique avec une ouverture glissante de f/5.0 (position la plus grand angle 55 mm) à f/7.1 (position la plus téléobjectif), un mécanisme de stabilisation optique équivalente à 4,5 vitesses et jusqu’à 7 vitesses si le boîtier dispose d’une stabilisation mécanique du capteur. Le tout avec un mécanisme de mise au point pas à pas silencieux. Une optique loin d’être haut de gamme puisqu’elle s’affiche à 449 € seule. Mais un poids plume de 270 g qui la rend pertinente avec un boîtier de seulement 375 g avec la batterie.
Notez que si on peut monter toutes les optiques RF sur cet EOR R50 (avec un coefficient multiplicateur de x1,6), seules quelques focales fixes (16 mm, 24 mm, 35 mm et 50 mm) ont du sens sur un boîtier aussi petit que le R50. Canon gagnerait à accélérer un peu de ce côté-là afin de fournir des zooms de qualité pour le capteur APS-C – on pense surtout à un équivalent 24-70/24-105 mm.
Connecté et tourné vers les créatifs
Canon a limité les commandes physiques autant pour le prix (plus c’est complexe à produire, plus c’est cher), autant que pour la simplicité de pilotage de l’appareil. Qui se contrôle donc essentiellement au travers de l’écran tactile, comme les smartphones dont sont censés provenir les clients cibles. À ce titre, Canon a soigné et adapté son interface : outre un mode bracketing créatif qui permet d’appliquer plusieurs rendus sur une seule prise de vue pour choisir son mode préféré, l’appareil propose un système de création assistée. Qui consiste à rendre intelligible les concepts de profondeur de champ et autres à un public qui n’a pas encore le vocabulaire. Une démarche toujours salutaire, la photo ayant un jargon facilement élitiste !
Connecté, le R50 l’est assurément avec, outre les connectivités Bluetooth et Wi-Fi, la possibilité de transformer le boîtier en webcam. Que ce soit par le biais de Canon Camera Connect ou par la compatibilité UVC/UAC. Laquelle permet d’utiliser l’appareil sans avoir à installer de pilotes sur les PC (mais offre théoriquement moins d’options de réglages qu’en passant par le logiciel officiel).
Le Canon EOS R50 sera disponible en deux coloris : noir et blanc. Le modèle blanc n’existera qu’en version kit avec un 18-45 mm silver.
Les versions commercialisées à partir de fin mars seront les suivantes :
- EOS R50 boîtier nu (noir seulement) : 829 €
- EOS R50 + 18-45mm F4.5-6.3 IS STM (noir ou blanc avec optique silver) : 949 €
- EOS R50 (noir uniquement) + 18-45mm F4.5-6.3 IS STM + RF-S 55-210 f/5-7,1 IS STM : 1199 €