Le New York Times rapporte qu’une équipe de chercheurs chinois a établi que l’intérieur de la face cachée de la Lune est plus sec que celui de la face visible.
Cette découverte fait suite à l’analyse d’échantillons de sol rapportés sur Terre par la sonde lunaire Chang’e 6.
Les travaux, menés par le professeur Hu Sen de l’Institut de géologie et de géophysique de l’Académie chinoise des sciences (CAS), ont été publiés ce jour dans la revue scientifique Nature.
La face cachée plus sèche que la face visible
La mission Chang’e 6, lancée début mai 2024, a atterri dans le bassin Pôle Sud-Aitken, sur la face cachée de la Lune, avant de revenir sur Terre fin juin avec quelque 1 935 grammes de sol lunaire – une première mondiale pour cette région encore inexplorée.
Parmi les échantillons collectés, les chercheurs ont identifié la présence d’olivine, un minéral cristallin formé lors du refroidissement du magma ancien à l’intérieur de la Lune. Cette découverte offre un rare aperçu de la composition du manteau lunaire tel qu’il était aux origines de l’histoire lunaire.
En mesurant la quantité d’hydrogène piégée dans ces cristaux, l’équipe a pu estimer la teneur en eau du manteau lunaire à l’époque : entre 1 et 1,5 gramme d’eau par million de grammes de roche. Un chiffre jusqu’à 200 fois inférieur aux analyses précédentes effectuées sur des échantillons provenant de la face visible de la Lune.
« Cela suggère que la face cachée de la Lune est globalement beaucoup plus sèche que la face visible », a expliqué le Dr Hu.
Comment expliquer une telle différence ?
Les chercheurs ont proposé plusieurs scénarios pour expliquer les différences de teneur en eau entre les deux face de la Lune.
L’une d’elles suggère que l’impact colossal ayant donné naissance au bassin Pôle Sud-Aitken — site d’atterrissage de Chang’e 6 — aurait été suffisamment puissant pour déplacer l’eau et d’autres éléments volatils depuis la face cachée vers la face visible.
Une autre théorie envisage que le basalte prélevé par la sonde pourrait provenir d’une zone beaucoup plus profonde du manteau lunaire, réputée plus sèche. Ces pistes restent à explorer, mais elles offrent de nouvelles perspectives sur la formation et l’évolution interne de notre satellite naturel.
Pour le Dr Mahesh Anand, planétologue à l’Open University au Royaume-Uni, le second scénario — celui d’une origine plus profonde et donc plus sèche des échantillons — apparaît comme le plus plausible. Bien qu’il n’ait pas participé directement à cette étude, le chercheur a contribué en 2020 à l’analyse de la teneur en eau d’échantillons issus de la face visible de la Lune, collectés lors de la mission Chang’e 5.
À terme, les scientifiques espèrent affiner leurs hypothèses grâce aux données issues des futures missions d’exploration lunaire. Leur objectif : déterminer avec certitude si la face cachée de la Lune est, dans son ensemble, plus sèche que la face visible – et comprendre les raisons profondes de cette différence.