Ces derniers jours, peut-être avez-vous reçu un étonnant message sur l’application Messenger, vous demandant de faire un choix : continuer de l’utiliser avec votre compte Facebook ou créer un nouveau compte Messenger. Peut-être avez-vous aussi remarqué, sur Google, une nouveauté quand vous recherchez l’adresse d’un lieu : impossible, désormais, de cliquer sur la carte qui s’affiche.
Ces deux cas ont un point commun : le Digital Markets Act (DMA). Le règlement européen sur les marchés numériques entre en vigueur, mercredi 6 mars, et vise à endiguer les pratiques anticoncurrentielles des géants du numérique. Il concerne aujourd’hui Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft et ByteDance, ainsi que 22 plates-formes leur appartenant : TikTok, Instagram, Facebook, LinkedIn, WhatsApp, Messenger, Android, iOS, Windows, Google, Chrome, Safari, YouTube, de même que des services publicitaires et des produits comme Google Maps ou Facebook Marketplace. Le réseau social X et le site de réservations d’hôtels Booking devraient bientôt les rejoindre.
Ce règlement les contraint à effectuer des modifications dans le fonctionnement de leurs plates-formes, avec des répercussions sur l’expérience des utilisateurs européens.
Sur Google, des évolutions dans les résultats de recherche
Le DMA interdit à Google d’accorder, dans les résultats de son moteur de recherche, un classement plus favorable à ses propres produits. Il a par exemple dû renoncer à son comparateur de vols Google Flights, qui apparaissait en tête des résultats quand un internaute cherchait un voyage en avion. La disparition des cartes Google Maps en haut de la page obtenue après certaines recherches de lieux s’inscrit dans la même démarche.
Messenger et Facebook se dissocient
Il est désormais possible d’utiliser Messenger, la messagerie du groupe Meta, sans disposer de compte Facebook. C’est pourquoi, depuis quelques jours, l’application demande à ses utilisateurs européens de faire un choix : continuer à l’utiliser avec son compte Facebook ou se créer un compte distinct. Dans le premier cas seulement, « vous pourrez envoyer des messages à vos ami(e) s et communautés Facebook », précise le message.
Sur iPhone, des applications téléchargeables hors App Store
Désormais, les utilisateurs d’iPhone pourront télécharger des applications sans obligatoirement passer par l’App Store, la boutique officielle d’Apple. Quant aux paiements effectués dans les applications proposées par l’App Store, il ne sera plus obligatoire qu’ils transitent par Apple. Des règles problématiques, selon la firme américaine, qui prévenait, fin janvier, qu’elles représentaient des « menaces pour la sécurité et la vie privée » de ses utilisateurs.
De Microsoft à Apple, moins de services « par défaut »
Le DMA impose de pouvoir désinstaller certains services. Par exemple, Microsoft doit désormais permettre aux utilisateurs de Windows de désinstaller, s’ils le souhaitent, des applications fournies par défaut avec le système d’exploitation, comme l’assistant Cortana ou le navigateur Edge.
Apple et Google devront quant à eux faciliter, sur iOS et Android, la possibilité de choisir un navigateur Web par défaut qui ne soit pas forcément celui développé par l’entreprise – dans leurs cas, Safari et Chrome.
Croiser les données personnelles seulement avec consentement
Les entreprises concernées par le DMA ont l’interdiction de croiser des données collectées à travers différentes plates-formes pour le ciblage publicitaire de leurs utilisateurs sans leur consentement – une pratique au cœur des modèles économiques de Google et Meta. C’est pourquoi des internautes ont reçu des messages leur demandant l’autorisation de le faire, entre Google et YouTube ou entre Instagram et Facebook, par exemple.
WhatsApp et Messenger bientôt compatibles avec d’autres messageries
Les services de messagerie de Meta, WhatsApp et Messenger devront être rendus interopérables avec d’autres applications concurrentes, si celles-ci le demandent. Ce qui signifie, par exemple, qu’un utilisateur de WhatsApp pourrait échanger avec un utilisateur de Messenger, mais aussi de Signal, sans changer d’application. Un service qui ne sera pas disponible immédiatement, a précisé en février l’entreprise au magazine Wired, notamment car il nécessite de s’organiser avec les messageries concurrentes.