Reporters sans frontières et l’Union européenne de radio-télévision, qui regroupe les télévisions et radio publiques, plaident pour que Bruxelles adopte des mesures contraignant réseaux sociaux et outils d’IA générative comme ChatGPT à privilégier des sources d’informations fiables.
À deux jours de la présentation du « bouclier démocratique » de Bruxelles, un ensemble de mesures visant à lutter contre les ingérences étrangères et la désinformation, Reporters sans frontières (RSF) et les chaînes de radio et de télévision publiques publient une lettre ouverte adressée à l’Union européenne. Leur message : Bruxelles doit profiter de cette occasion pour adopter des mesures décisives visant à « garantir un accès effectif à l’information fiable pour tous les citoyens, quels que soient les services utilisés pour s’informer ».
Car aujourd’hui, les Européens « se sont largement tournés vers les services en ligne, en particulier les plateformes de partage de contenu et les réseaux sociaux pour accéder aux actualités et aux informations, », constatent-ils. Or, il est « temps que les algorithmes récompensent les sources fiables plutôt que la désinformation », plaident-ils.
Bulles de filtre, extrémisme et fatigue informationnelle
« Sans cela, le débat démocratique se transforme en bruit, les gens se replient dans des “bulles de filtre” irréconciliables et l’extrémisme prospère en même temps que la fatigue informationnelle », estime Thibaut Bruttin, directeur général de Reporters sans frontières (RSF), cité dans le communiqué de l’organisation. Désormais, « les fausses informations, les théories du complot et les contenus à forte charge émotionnelle prennent le pas sur un journalisme précis et fiable », déplorent les deux organisations.
RSF et l’Union européenne de radio-télévision (UER) demandent que les assistants vocaux, les télévisions connectées et les appareils connectés mettent en avant « des médias d’intérêt général ». Ils exigent que « les algorithmes des réseaux sociaux accentuent la visibilité des contenus issus de sources fiables d’information par défaut, au lieu de favoriser la désinformation et la propagande ».
Les assistants IA déforment régulièrement le contenu des informations
Dans leur lettre, les auteurs s’attaquent aussi aux outils d’IA qui devraient améliorer l’accès à des informations fiables, en lieu et place de les déformer, plaident-ils. Ils estiment que l’UE doit réguler l’IA « de façon à ce que les outils d’IA répondent à des exigences minimales en termes de pluralisme et d’intégrité de l’information ».
Les organisations citent notamment des recherches menées par la BBC et l’UER qui ont montré « que les assistants IA déforment régulièrement le contenu des informations, quels que soient la langue, le territoire ou la plateforme IA testés ». Or, « lorsque les accords commerciaux, les algorithmes axés sur le profit et les systèmes d’IA non contrôlés dictent ce que les citoyens voient, croient et partagent, ces fondements (des sociétés libres et démocratiques) s’effondrent ».
Pour ces derniers, « les citoyens doivent avoir un accès effectif à des informations pluralistes et fiables, quel que soit le support utilisé. Un écosystème d’information sain n’est pas un luxe, c’est le minimum indispensable à une démocratie vivante et dynamique », écrivent-ils encore. Depuis des mois, l’UER, qui compte parmi ses membres France Télévisions, Radio France, Arte et France Médias Monde, milite pour que les contenus des médias de service public soient pris en compte, dans les réponses générées par les outils d’IA générative comme ChatGPT, Gemini ou encore Le Chat.
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