La mission Mars Sample Return (MSR) est un projet de longue haleine qui doit permettre de ramener sur Terre des échantillons du sol martien. Le premier volet est en cours avec la production des échantillons par le rover Perseverance déjà sur place.
Il faudra ensuite acheminer tout un dispositif pour en permettre la récupération, renvoyer le tout en orbite avant de faire le chemin de retour vers la Terre. Si les missions de récupération d’échantillons sur des comètes et des astéroïdes permettent d’accumuler du savoir-faire, la mission martienne de la NASA reste particulièrement complexe.
Or, un rapport d’audit commandé par la NASA suggère que les équipements nécessaires ne seront pas finalisés pour la fenêtre de lancement de 2027 ou 2028 initialement prévue.
La mission ne sera pas prête pour 2027 / 2028
Il établit qu’il y a une probabilité « proche de zéro » pour que les deux principaux éléments de la mission, à savoir l’atterrisseur / collecteur d’échantillon préparé par la NASA et l’orbiteur de retour vers la Terre conçu par l’ESA, soient prêts à temps.
Les obstacles sont autant de nature technique qu’une question de coûts avec des budgets insuffisants pour des objectifs aussi ambitieux. Pour le rapport, « la mission MSR a été planifiée avec un budget et un calendrier irréalistes dès le départ » et il n’est donc pas possible de la réaliser dans les conditions actuelles.
Mars Sample Return, une mission de haute complexité
Estimée en 2020 à une fourchette de 3,8 à 4,4 milliards de dollars, déjà bien plus élevée que prévu initialement, Mars Sample Return pourrait en fait coûter beaucoup plus cher et les dernières spéculations portent sur un total de 8 à 9 milliards de dollars, ce que ne veut pas confirmer la NASA pour ne pas effrayer les décideurs du budget, avec un risque de grimper jusqu’à 11 milliards de dollars.
Rien que le report de la mission à 2030 rapprocherait le coût des 9 milliards de dollars, alors que la NASA doit déjà arbitrer ses budgets entre différentes missions spatiales qui ne verront pas toutes le jour.
La NASA en position délicate
Pour contourner les difficultés techniques, il reste possible de modifier certains aspects pour utiliser des technologies déjà éprouvées mais cela imposerait de modifier le projet et de faire grimper encore la note.
Malgré ce contexte défavorable, le rapport reconnaît la valeur scientifique de Mars Sample Return et recommande de récupérer l’ensemble des échantillons collectés par Perseverance et non une simple sélection.
Avec ces difficultés de réalisation de la mission du côté de la NASA, la Chine pourrait en profiter pour s’offrir la première mondiale d’échantillons martiens ramenés sur Terre.
Elle prépare sa propre mission de collecte et de retour d’échantillons du sol martien, certes de façon simplifiée par rapport à Mars Sample Return, avec un calendrier plus resserré et dont la portée symbolique pourrait être immense pour l’Empire du Milieu.
Déborder la NASA sur des missions spatiales de prestige serait un signal puissant démontrant les capacités spatiales chinoises dans le cadre de la rivalité qui les anime et des efforts des USA pour freiner son rattrapage technologique.