Watermark Remover est un nouvel outil créé par PixelBin qui n’a qu’une seule mission : retirer gratuitement et simplement les filigranes des images copyrightées.
Le créateur d’outils graphiques en ligne PixelBin a fait naître la controverse récemment en lançant un nouvel outil. Baptisé Watermark Remover, il se base sur l’intelligence artificielle pour permettre à tout un chacun de supprimer les filigranes sur n’importe quelle image envoyée auparavant sur ses serveurs.
Cet outil a très peu de limites. On peut voir par exemple qu’il supporte le png, le jpeg, le jpg ou encore le webp, les formats les plus populaires du web actuellement. Il permet aussi de modifier des images très grandes, jusqu’en 2400 x 2400 pixels. Et en prime, il est disponible sous forme d’application sur Android. Le tout gratuitement. Problème ? Il n’a vraiment qu’un seul but : pirater des images, en permettant aux utilisateurs de détruire automatiquement le watermark qui est pourtant l’une des dernières barrières au vol de leurs créations des artistes.
Rien de nouveau sous le soleil
Le remplissage automatique des images n’est pas nouveau. Un outil similaire, qui analyse le contexte de l’image pour supprimer en quelques clics des détails de l’image, est par exemple disponible sur Adobe Photoshop depuis très longtemps maintenant. Cependant, c’est bien la première fois qu’une IA a été entraînée uniquement dans ce but, et que l’outil est disponible aussi facilement pour quiconque sur internet.
Qu’en est-il auquel cas de la légalité d’un tel produit ? PixelBin en est clairement conscient, puisque le site de Watermark Remover répond à la question « est-il illégal de supprimer le filigrane des images ? » par une déclaration plus que laconique :
« Le filigrane est souvent considéré comme un mécanisme efficace de protection des droits d’auteur. Néanmoins, l’esthétique des images est gâchée dans le processus, ce qui incite les gens à chercher un moyen de les supprimer proprement. Les utilisateurs sont libres de supprimer les filigranes comme ils le souhaitent, mais nous leur suggérons de ne pas le faire à des fins commerciales, ni de supprimer les filigranes des images protégées par le droit d’auteur. Les utilisateurs de cette application sont les seuls responsables des plaintes, des dommages, des coûts, des dépenses, des procès, etc. intentés par une tierce partie en rapport avec l’utilisation des images résultant de la suppression des filigranes. Vous devez obtenir le consentement ou l’approbation du propriétaire de l’image originale avant d’utiliser les images sans filigrane à des fins commerciales. »
C’est là le nœud du problème. Puisque l’intelligence artificielle n’est pas en elle-même illégale, le service peut tout simplement faire reposer la responsabilité de son usage sur les utilisateurs eux-mêmes. Ironiquement, Watermark Remover propose en prime une formule payante pour les entreprises, de manière à supprimer des filigranes sur des lots d’image.
La sortie de ce nouvel outil arrive dans le pire des contextes. La création graphique générée par les IA comme DALL-E d’OpenAI ou Midjourney inquiète les artistes : alors que ces IA sont entraînées sur leurs créations, elles sont tout de même déjà vues comme un outil qui pourrait subtiliser une grande partie de leurs opportunités professionnelles. Si la suppression automatique du filigrane, l’un des rares gardes-fou efficaces contre le piratage des œuvres de ces ayants-droits, se développe du même temps, il ne restera plus grande opportunité pour les créatifs d’être rémunérés pour leur travail.
Source :
The Verge
Maxime « OtaXou » Lancelin-Golbery