Cinq ingérences numériques étrangères ont été détectées par Viginum lors des élections présidentielle et législatives du printemps 2002, vient de dévoiler cette nouvelle agence lancée en juillet 2021 chargée de lutter contre la désinformation. Viginum, dirigé par Gabriel Ferriol, n’a pas donné vraiment de précisions sur les pays à l’origine de ces ingérences ou leurs modalités techniques dans ce premier rapport annuel.
L’exemple des machines à voter
Une source sécuritaire française avait souligné cet été l’activisme de la société paramilitaire Wagner, réputée proche du Kremlin, dans des attaques informationnelles en lien avec l’action française au Sahel, et une campagne venue de l’extrême-droite américaine à propos d’une soi-disante utilisation de machines à voter susceptible de conduire à des fraudes. Cette rumeur de la fausse utilisation de machines à voter compromises est d’ailleurs le seul exemple concret d’ingérence numérique détaillé dans le rapport.
Ces contenus avaient été repérés au début du mois de mars 2022 par Viginum sur plusieurs réseaux sociaux. “Avant que cette manœuvre informationnelle ne prenne de l’ampleur, les services du ministère de l’Intérieur ainsi que plusieurs médias ont très rapidement démenti cette information mensongère”, rappelle le lieutenant-colonel Marc-Antoine Brillant, chargé de la sécurisation de l’élection présidentielle à Viginum.
84 phénomènes détectés
Au total, Viginum, une agence rattachée comme l’Anssi, le cyber-pompier français, au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), un service du Premier ministre, fait état de 84 phénomènes inauthentiques détectés en un an de travail. Soixante sont en rapport avec les élections du printemps, le plus gros dossier en 2022 du nouveau service. Douze d’entre eux ont fait l’objet d’investigations approfondies.
Outre les élections présidentielle et législatives, Viginum s’est mobilisée sur le référendum de la Nouvelle-Calédonie, ou encore en surveillant ce qu’il se disait autour du procès des attentats de Novembre 2015. A l’international, le service a scruté des fakes news autour de l’élection fédérale allemande de septembre 2021, la contestation de la présence française au Sahel ou la guerre entre l’Ukraine et la Russie. De manière énigmatique, Viginum fait enfin référence à une analyse de la “menace informationnelle émanant d’un acteur non-étatique étranger” à partir de mai 2022.
42 agents
“Notre rôle n’est pas de dire ce qu’est la vérité, mais de mettre au jour des phénomènes potentiellement inauthentiques ayant cours sur des plateformes en ligne et susceptibles de révéler une ingérence numérique étrangère”, rappelait au Sénat au début du mois d’octobre Stéphane Bouillon, le chef du SGDSN. Concrètement, les agents de Viginum traquent sur les réseaux sociaux les “comptes atypiques, des contenus susceptibles d’être inexacts ou trompeurs”, ou encore “des comportements aberrants, anormaux ou coordonnés”, en s’appuyant sur des outils d’analyse de données.
Les plateformes Storyzy et Sahar avaient ainsi été évoquées comme premiers fournisseurs de l’agence, les agents travaillant également à partir des méthodes d’investigation en sources ouvertes. Doté de 42 personnels, Viginum espère rassembler à terme 65 agents.
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