Comment Apple oblige les reconditionneurs à mettre au rebut des MacBook récents parfaitement fonctionnels

Comment Apple oblige les reconditionneurs à mettre au rebut des MacBook récents parfaitement fonctionnels


Les MacBook équipés de la puce de sécurité T2 donnent du fil à retordre aux recycleurs. Face à l’impossibilité de déverrouiller certaines machines récentes, ils sont obligés de les désosser pour les revendre en pièces détachées… et envoient la carte mère à la broyeuse.

« Des produits pensés pour vous. Et pour la planète ». Voilà comment Apple aime communiquer quand il s’agit de défendre son bilan carbone. Et si la firme de Cupertino a pour projet de devenir totalement neutre en carbone à l’horizon 2030, force est de constater qu’elle a encore pas mal de pain sur la planche.

Malgré les efforts incontestables qu’Apple a réalisés, ses produits au « design conçu pour préserver l’environnement » sont encore très loin du compte. Et même si Cupertino indique sur son site faire « le maximum pour effacer [son] empreinte », son obsession louable pour la sécurité de ses produits vient malheureusement bousculer tous ses efforts. Et ce ne sont sûrement pas les entreprises spécialisées dans le reconditionnement de produits électroniques qui diront le contraire. Car parmi les nombreux appareils Apple qu’elles voient passer entre leurs mains, un nombre conséquent de MacBook ne pourront pas profiter d’une deuxième vie. Et Apple en est le premier responsable.

La puce T2 pour le meilleur, et pour le pire

Depuis 2018, Apple a intégré une nouvelle puce sur tous ses Mac : la puce Apple T2 Security. Lorsqu’elle est apparue dans les machines d’Apple, cette puce dédiée à la sécurité des machines posait déjà un sérieux problème. Apple a confirmé utiliser cette puce pour verrouiller certaines réparations, obligeant de fait les utilisateurs à passer par un Apple Store ou un réparateur agréé en cas de panne. Mais ce coprocesseur en charge du chiffrement des données ou encore de la gestion de Touch ID, pose un problème encore plus grand. Il empêche les entreprises spécialisées dans le reconditionnement de remettre les machines à zéro pour leur offrir une seconde vie sur le marché de l’occasion.

Les reconditionneurs n’ont en effet aucun moyen d’outrepasser le verrouillage d’activation, lui aussi géré par la puce T2. Or, une grande partie des machines qu’ils ont dans leur stock provient de parcs d’entreprises ou d’écoles qui, la plupart du temps n’ont pas désactivé les comptes configurés sur ces dernières. Inconscientes du problème que cela représente, elles ne sont généralement pas enclines à aider les reconditionneurs pour déverrouiller ces machines. Et malheureusement, seuls les propriétaires originaux sont en mesure de procéder à ce déblocage, puisque c’est leur compte iCloud qui est resté configuré sur ces ordinateurs.

Les reconditionneurs se retrouvent donc avec des machines récentes et parfaitement fonctionnelles, comme des MacBook M1 datant de 2020, totalement inutilisables, car bloqués par le verrouillage d’activation.

 

Ils n’ont alors aucune autre solution que de désosser les machines pour les revendre en pièces détachées. La carte mère de ces Mac, sur laquelle la puce T2 est soudée (comme tous les autres composants), finit quant à elle à la broyeuse faute de pouvoir être déverrouillée.

Aucune solution légale de déblocage

La sécurité de la puce T2 est telle que même les hackers n’ont pas réussis à en venir à bout. Et quand bien même ils réussiraient à trouver une solution pour jailbreaker ces Mac verrouillés, les machines seraient invendables, car considérées comme piratées avec le risque de voir le verrouillage d’activation se réactiver après une éventuelle réinitialisation. Le problème n’est pas nouveau, mais les reconditionneurs commencent à avoir de plus en plus de machines verrouillées sur les bras. Et pour cause, le cycle de vie du matériel informatique dans les grandes entreprises tourne souvent autour de trois ans. Les machines sorties en 2019 ou en 2020 et équipées de cette puce T2 commencent donc à arriver en masse dans les ateliers de reconditionnement comme le rapporte Vice.

En l’état, seul Apple a le pouvoir de faire quelque chose pour que son bilan carbone ne tourne pas au fiasco. Les reconditionneurs, qui ont fait l’acquisition de ces machines tout à fait légalement, souhaiteraient ainsi que la firme de Cupertino mette en place un système pour déverrouiller automatiquement ces machines passé un certain délai. L’un d’eux, interrogé par Vice, imagine une solution qui leur permettrait de connecter leur compte Apple et de soumettre à l’entreprise californienne une demande de déverrouillage. Apple n’aurait alors qu’à interroger le propriétaire précédent, et sans signe de protestation de sa part dans un délai de 30 jours, pourrait procéder au déverrouillage de la machine.

Si une telle solution permettrait à Apple d’améliorer véritablement le bilan carbone de ses machines, il paraît difficile de l’imaginer se tirer une balle dans le pied. Car la résolution de ce problème viendrait concurrencer directement la vente de ses machines neuves.

Source :

Vice





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