Sur l’écran de nos smartphones, c’est une alerte parmi tant d’autres, qu’on est tenté d’ignorer, à tort sans doute, car lorsque nos mobiles nous proposent l’installation d’une mise à jour logicielle, à de rares exceptions près, il est plutôt bon de l’accepter. Ces mises à jour (updates) les plus fréquentes sont les « pansements de sécurité », importants car ils colmatent des brèches que les pirates ou les logiciels malveillants pourraient utiliser. Celles d’iOS ou Android, annuelles, apportent des nouveautés ergonomiques et logicielles à nos smartphones. Leur intérêt faiblit depuis quelques années, mais ces ajouts continuent de séduire certains technophiles.
C’est moins connu, mais les mises à jour iOS et Android peuvent aussi prolonger la vie d’un smartphone. Passé quatre, cinq ou six années sans en faire, celui-ci peut connaître des problèmes : certaines applications peuvent refuser de fonctionner, d’autres de s’installer. Même les utilisateurs qui les acceptent consciencieusement ne sont pas à l’abri de soucis, car les fabricants coupent le robinet des mises à jour au bout de deux à cinq ans pour les modèles haut de gamme, et beaucoup plus rapidement pour les autres.
Un problème d’autant plus gênant que les propriétaires de smartphone cherchent à faire durer leur appareil plus longtemps – l’innovation en électronique tournant au ralenti et l’urgence climatique s’accentuant.
Les fabricants chinois à la traîne
Par bonheur, les constructeurs assurent de plus en plus longtemps le suivi de leurs appareils. Google a, par exemple, récemment porté de trois à cinq années la disponibilité des pansements de sécurité destinés à ses smartphones Pixel.
Certaines marques prennent le problème très au sérieux, tel le fabricant éponyme du Fairphone 2 sorti en 2015, qui a bénéficié de sept années de mises à jour de sécurité et de cinq ans de mises à jour du système d’exploitation (Android). Dans un post de blog, la marque néerlandaise écoresponsable explique qu’elle aimerait en faire de même pour le Fairphone 4 sorti en 2021, mais qu’elle n’est pas certaine d’y parvenir, car cela dépend de l’implication d’un de ses sous-traitants, le fondeur de puces Qualcomm.
Apple aussi fait figure de locomotive, avec cinq années de mises à jour d’iOS et six de sécurité, voire davantage. De l’autre côté du spectre, les fabricants chinois sont beaucoup moins proactifs. Le troisième plus gros vendeur en France, Xiaomi, ne propose que deux années de mises à jour d’Android sur les smartphones bas de gamme écoulés en grand volume. Sur le même segment des smartphones à 200 euros, Oppo, le quatrième vendeur hexagonal, n’en offre qu’une.
Realme, constructeur un peu moins populaire en France, déclare au Monde que la mise à jour d’Android pour son modèle entrée de gamme, le C55, est « en cours de planification ». Selon nos constatations, sur les anciens appareils de cette marque chinoise, le modèle bas de gamme C21Y, sorti à la mi-2021, n’a bénéficié d’aucune mise à jour d’Android. Quant au X50 5G, un modèle haut de gamme sorti en 2020, il n’en a reçu qu’une.
Réglementation européenne
A l’avenir, toutes les marques pourraient allonger la durée du support logiciel de certains modèles, sous la pression de la Commission européenne qui travaille à un texte appelé à compléter sa directive sur l’écodesign.
Les différents brouillons (publics) de cette régulation étant changeants et peu clairs, il est difficile de prédire le contenu exact du texte et la date à laquelle il entrera en vigueur. Mais selon les informations du Monde, dans sa dernière version, la Commission semble placer les fabricants devant une alternative : offrir au minimum cinq années de mises à jour du système d’exploitation (OS) et de pansements de sécurité, ou n’en offrir aucune. Les fabricants seraient libres de faire ce choix pour chacun de leurs modèles de mobile. Au risque que de petits constructeurs abandonnent les mises à jour pour leurs smartphones bas de gamme, leur développement ayant un coût.
Eviter les modèles bas de gamme
En l’attente d’éventuels progrès, comment échapper à l’obsolescence logicielle ? Mieux vaut privilégier les marques les plus vendues en France et dans le monde : Apple et Samsung. Comme tout constructeur, ils publient parfois des mises à jour qui dégradent le fonctionnement de certains modèles de smartphones. Mais comme elles sont plus scrutées que les autres, ces problèmes sont en général corrigés.
Pour échapper à l’obsolescence logicielle, mieux vaut également investir dans un smartphone moyen ou haut de gamme. Son cœur battant, le processeur, sera plus durable que celui d’un bas de gamme. Dans quelques années, il encaissera mieux les mises à jour de l’OS, mais aussi celles des applications, voire des sites Internet, qui ont eux aussi tendance à s’alourdir d’année en année. Avec un smartphone bas de gamme, le risque est grand de subir de plus en plus de ralentissements et de saccades désagréables au fil du temps.