L’Arabie saoudite organisera les Jeux Asiatiques d’hiver 2029 suite à la décision du Conseil Olympique d’Asie (OCA). Une décision qui fait actuellement l’objet de plusieurs critiques à l’internationale dans un contexte global d’appel à la sobriété énergétique et alors même que la Coupe du Monde de Football organisée au Qatar fait déjà débat.
Un débat écologique à l’heure de l’appel à la sobriété
La crise économique et énergétique subie un peu partout sur le globe actuellement ne fait rien pour arranger les choses et les projets aussi pharaoniques que la construction de la mégalopole de Neom en plein désert fait plus que jamais débat.
Car c’est le projet de ville futuriste qui a retenu l’attention de l’OCA, permettant à l’Arabie saoudite d’obtenir les jeux de 2029. Des jeux qui imposeront ainsi des épreuves sur neige, en plein désert… Alors même que l’Arabie saoudite n’a que peu de montagnes et pas le climat pour proposer de la neige naturelle (si les températures descendent en dessous de zéro en hiver, les précipitations ne sont pas au rendez-vous pour la création de neige), la débauche d’énergie pour la tenue des jeux est colossale et ne représente qu’une paille face au projet de Neom qui devra être bouclé à temps.
Neom : une utopie qui devra se concrétiser
Car Neom est pour l’instant un simple rêve : celui de créer un mur gigantesque dans le désert qui servira de ville entière. Prévu dans le nord-ouest du royaume, le projet NEOM est titanesque : 500 milliards de dollars et une construction qui devrait être achevée en 2026 (avec beaucoup d’optimisme).
Annoncé dès 2017, le projet Neom (The Line) a été plusieurs fois remis en doute par les architectes et économistes. Il s’agit tout simplement du projet le plus ambitieux du prince héritier Mohammed Ben Salmane qui vise à réduire la dépendance du royaume au pétrole et à transformer toute l’économie de ce dernier en favorisant d’autres secteurs, notamment la technologie et les sports.
NEOM se présente comme une gigantesque barre dans le désert avec un accès à la mer Rouge. On évoque 26 500 km² de superficie pour une ville zéro carbone. Au coeur de la mégalopole, deux gratte-ciels massifs de 500 mètres chacun formant « The Line », recouverts de miroirs.
Un projet pharaonique
Cette ville tout droit sortie d’une oeuvre de science-fiction devrait fonctionner uniquement avec des énergies renouvelables et se montrer autonome. Aucune voiture dans la ville, mais de nouveaux moyens de mobilité, notamment des transports en commun propres et performants (on évoque un train à grande vitesse capable de relier un bout à l’autre de la ville en 20 minutes), une intelligence artificielle omniprésente pour optimiser chaque dépense énergétique.
Les gratte-ciels devraient proposer un ensemble de technologies visant à rendre les espaces vivables avec des températures douces et contrôlées. On y trouverait des boutiques, des serres, sociétés, unités de production d’énergie, mais surtout des habitations, l’objectif étant de répondre à la crise du logement et des énergies.
Les miroirs en façade des deux grands blocs permettraient de renvoyer la chaleur vers le désert et de limiter la hausse de température à l’intérieur.
Les épreuves de ski devraient se tenir à Trojena, une zone située à 50 km de Neom et qui propose des reliefs allant de 1500 à 2600 m d’altitude. La zone des jeux devrait être localisée sur un espace de 60 km².
Dès 2026, le complexe de Trojena devrait être terminé et proposer des pistes de ski ouvertes toute l’année, un lac artificiel d’eau douce, des chalets, manoirs et hôtels de luxe.
Si Neom s’affiche comme une ville zéro carbone, impossible d’ignorer que l’Arabie Saoudite reste l’un des premiers exportateurs mondiaux de pétrole brut. Difficile donc d’avaler le discours qui consiste à « redéfinir l’éco-tourisme » mis en avant lors de la promotion du projet.
L’Arabie saoudite a également annoncé qu’en marge des jeux asiatiques, elle souhaitait organiser les Jeux olympiques à l’avenir.
Même si l’Arabie saoudite tient sa promesse avec la création de sa mégalopole zéro carbone, la contestation actuelle ne porte pas que sur le volet écologique : l’Arabie Saoudite est épinglée chaque année pour ses violations répétées des droits de l’homme. Le débat reste donc plus que jamais ouvert.