Comment Meta est devenu le symbole de la censure du corps féminin en ligne

Comment Meta est devenu le symbole de la censure du corps féminin en ligne


Il est rare que les féministes soient optimistes sur les réseaux sociaux. Pourtant, le 17 janvier 2023, un vent d’espoir a soufflé sur Meta, maison mère de Facebook et Instagram. En cause : la publication d’un avis du conseil de surveillance de l’entreprise, une instance indépendante chargée d’émettre des avis sur les décisions de modération du géant du Web. L’organisation avait été saisie par un couple de personnes trans et non binaires, qui protestaient contre la suppression de deux publications les montrant poitrine nue et tétons couverts.

Une erreur, a tranché le conseil de surveillance, qui a forcé Meta à rétablir les publications et lui a suggéré de revoir sa gestion de la nudité, particulièrement féminine : « Les restrictions et les exceptions aux règles relatives aux mamelons féminins sont nombreuses et déroutantes (…). Le manque de clarté inhérent à cette politique crée une incertitude pour les utilisateurs et les équipes d’examen, et la rend inapplicable dans la pratique. » Meta, qui n’est pas tenu de respecter les recommandations du conseil, a annoncé qu’il donnerait une réponse officielle d’ici à la mi-mars.

Des crispations anciennes

Facebook et Instagram sont-ils vraiment prêts à libérer les tétons ? La question provoque de fortes tensions depuis une quinzaine d’années, jusqu’à devenir le symbole des failles de la modération des réseaux sociaux. « La nudité est le premier sujet de modération dont s’est emparé le grand public, bien avant qu’on s’inquiète des “fake news” ou de la censure supposée de certains discours », explique Thibault Grison, doctorant en sciences de l’information et de la communication, qui travaille sur les enjeux de discrimination algorithmique.

A sa fondation, en 2004, Facebook ne se préoccupe pas tout de suite de ces questions de nudité. Mais quand, à partir de 2008, il commence à bannir les images de poitrines de femmes nues (et non celles des hommes), les premières crispations apparaissent. Cette année-là, une pétition très partagée proteste contre la suppression par Facebook de photos de femmes en train d’allaiter. Plusieurs manifestantes se retrouvent même à Palo Alto (Californie) pour nourrir leur bébé devant les locaux de l’entreprise.

La question des tétons féminins en ligne se médiatise alors petit à petit. Jusqu’à l’explosion de la campagne #freethenipples (« libérez les tétons ») en 2012, lancée par une documentariste américaine pour remettre en cause la sexualisation de la poitrine des femmes dans la société en général. Deux ans plus tard, Facebook clarifie ses règles sur la nudité, créant officiellement une exception pour autoriser les photos de poitrines dans le cadre d’un allaitement ainsi que pour les images de mastectomie après un cancer du sein.

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