La France est actuellement touchée par une vague de publicités pour de faux placements promettant des rendements mirobolants. Malgré des erreurs grossières, de traduction par exemple, ces imitations d’articles de presse sont souvent assez bien réalisées et il est possible de se méprendre.
Ces escroqueries montées par des gangs criminels très organisés coûtent cher : selon l’entreprise de cybersécurité Group-IB, un seul d’entre eux a soutiré près de 500 millions d’euros en six ans aux internautes français et belges. Voici quelques réflexes à avoir pour éviter de tomber dans le piège.
A quoi ressemblent les publicités pour des arnaques aux placements ?
Ces publicités qui pullulent sur les réseaux sociaux ces derniers mois utilisent des encarts très similaires : une célébrité qui risquerait des ennuis pour avoir révélé en direct à la télévision l’origine de sa fortune, le tout accompagné d’un faux article, de Libération ou du Monde, par exemple, censé détailler cette information.
La manière la plus simple de s’assurer qu’un article est authentique est d’abord de vérifier l’adresse de la page Web : les faux utilisent des adresses étranges, ou imitant celle du média copié (lemondejournal.fr au lieu de lemonde.fr, par exemple).
Plus généralement, ces publicités, et les sites auxquels elles renvoient, ne respectent pas la loi française, qui encadre très strictement les offres de produits financiers. Depuis 2017, la publicité pour certaines offres très risquées, comme le Forex (marché des changes), est totalement interdite.
Les publicités et sites promotionnels doivent également mentionner les risques liés à l’investissement, ce qui n’est jamais le cas avec ces escroqueries. Ils ne peuvent pas non plus afficher des promesses de rendement, ce qui est au contraire très fréquemment le cas ici.
Quels sont les éléments qui doivent vous alerter concernant une offre d’investissement ?
Le point commun de toutes les escroqueries aux faux placements est qu’elles promettent des rendements phénoménaux, trop beaux pour être vrais. Qu’il s’agisse de cryptomonnaies, de vin, d’actions ou d’autres placements, les publicités qui affichent des plus-values bien plus élevées que les placements classiques doivent immédiatement poser question.
L’écrasante majorité de ces arnaques ont également recours à des centres d’appels, qui se montrent très insistants : le harcèlement téléphonique, l’incitation à investir d’abord une petite somme (200 à 250 euros) sont des marqueurs communs de ces escroqueries. Ces dernières promeuvent aussi très fréquemment un outil de « trading automatique » – des dizaines de noms différents sont utilisés, qui cachent tous le même type d’arnaque.
Enfin, les interfaces de paiement « exotiques » (RIB de banques à l’étranger, plates-formes de paiement par carte bleue utilisant une marque inconnue…) doivent également attirer l’attention.
De manière générale, la vigilance est d’autant plus de mise lorsqu’on vous propose des produits financiers que vous ne connaissez pas ou peu. Même légitimes et légaux, les investissements en cryptoactifs, par exemple, sont particulièrement risqués et fortement déconseillés aux personnes ne connaissant pas ce secteur.
Comment vérifier si une offre d’investissement est honnête ?
Il n’est pas toujours aisé de vérifier si une offre est bien « réelle », d’autant que les escrocs usurpent parfois le nom d’entreprises ou de personnes existantes. Les malfaiteurs utilisent également des techniques de référencement dans les moteurs de recherche pour saturer les pages de résultats de Google d’avis positifs ou neutres.
Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 9,99 €/mois au lieu de 11,99 €.
S’abonner
Il est donc recommandé de rechercher les noms des produits qu’on vous propose directement sur le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui maintient une liste noire des arnaqueurs, régulièrement mise à jour, et propose un numéro destiné au grand public (01 53 45 62 00) ainsi qu’un petit test en ligne. Les forums d’associations de consommateurs et d’investisseurs, comme ceux de l’UFC-Que choisir, regorgent pour leur part de témoignages et de conseils. Il est recommandé d’y effectuer une recherche avant d’investir.
Que faire si l’on a déjà versé de l’argent ?
Les chances de récupérer son investissement sont quasi nulles, mais il est malgré tout fortement recommandé de porter plainte. Même s’ils sont très bien protégés et anonymisés, les magouilleurs peuvent être interpellés ou mis en examen.
Les enquêtes sont longues, mais certaines aboutissent : il y a deux ans, les têtes de réseau présumées d’un gang opérant principalement depuis Israël ont été arrêtées, après une enquête lancée par la France. Des internautes français floués avaient en effet porté plainte en 2018 et 2019. Dans certains cas, le dépôt de plainte peut aussi vous permettre de bénéficier d’une aide juridique de la part de votre assurance.
Comment réagir lorsqu’on suspecte qu’un proche est concerné ?
Tout d’abord, culpabiliser la victime d’une fraude est contre-productif et inutile. Ces mésaventures n’arrivent pas qu’aux autres : derrière les publicités bancales se trouvent des spécialistes de l’escroquerie avec des centres d’appels redoutablement efficaces, dont les opérateurs sont formés pour utiliser des mécanismes de pression psychologique très puissants. Lorsqu’elles se rendent compte qu’elles ont été victimes d’une arnaque, ces personnes ressentent souvent une grande honte et hésitent à en parler : le soutien de leur entourage est précieux pour les aider à surmonter cette épreuve.
Si vous suspectez qu’un parent ou un proche se fait extorquer de l’argent, le plus efficace est de lui présenter, de la manière la plus neutre possible, les éléments à votre disposition montrant qu’il s’agit probablement d’une arnaque : articles de presse, dossiers de l’AMF ou d’associations de consommateurs… La priorité est de faire cesser les paiements puis, dans la mesure du possible, de déposer plainte.
Si la personne n’est pas prête à en parler avec vous, vous pouvez également l’orienter vers une des dizaines d’associations d’aide aux victimes existant un peu partout en France.