Le constructeur automobile français Renault a présenté ce jour une « révolution » dont l’objectif est avant tout d’attirer les investisseurs. De fait ce sont plusieurs annonces fortes qu’il convient de décortiquer.
D’une part, Renault veut faire entrer ses voitures électriques en Bourse « au plus tôt au second semestre 2023 », via une nouvelle filiale baptisée « Ampere ». Côté motorisation thermique, Renault s’allie avec le chinois Geely, à 50/50. Geely est propriétaire de Volvo. Le passage en bourse semble être une option appréciée par l’écosystème. L’Américain Ford a aussi annoncé la création d’une filiale électrique, « Model E ». L’Allemand Volkswagen a lancé en Bourse sa marque Porsche pour financer son électrification.
Ampere rassemblera 10.000 salariés en France et doit produire un million de véhicules électriques sous marque Renault d’ici 2031. Il s’agira notamment des nouvelles Renault 5 et Renault 4. Ampere vise plus de 30% de croissance annuelle, et 10% de marge en 2030. La marge du groupe Renault au premier trimestre 2022 est de 4,7%. Ce passage en bourse doit financer le coûteux virage électrique de la marque au losange.
Qualcomm et Google dans la boucle
Actionnaire majoritaire, Renault se voit rejoint dans le projet Ampere par le fabricant américain de puces électroniques Qualcomm. Mais au delà de la prise de participation, Qualcomm et Renault étendent co-développer une architecture électronique centralisée des véhicules électriques – nommé Software-Defined Vehicle – basée sur le Snapdragon Digital Chassis, un produit Qualcomm. A noter que Stellantis annonçait en avril dernier un accord également avec Qualcomm pour déployer la même technologie Snapdragon dans ses voitures.
Renault a également annoncé un renforcement de son partenariat avec Google pour concevoir une nouvelle plateforme électronique pour ses véhicules à partir de 2026, et étendre les outils de cloud computing de Google au sein de Renault.
« Nous avons déjà construit un métaverse industriel » indique sur ce point Frédéric Vincent, DSI de Renault, « c’est à dire un jumeau numérique de nos usines. Toutes nos usines sont branchées sur le cloud de Google » (lire : Renault se marie avec Google). Et ce cloud voit grand. 1 milliard de données sont captées par jour dans les usines de Renault. « On est là vraiment dans l’hyperscale » indique Anthony Cirot, le PDG France de Gogle Cloud.
SDV, au delà du FOTA
« Aujourd’hui, nous étendons le jumeau numérique à l’ingéniérie, et aux autres services de l’entreprise » dit Frédéric Vincent. Pour le mettre en place, Renault va progressivement délaisser ses datacenter internes. « Nous sommes désormais en mode cloud first, mais nous n’y allons pas à marche forcée » indique un porte-parole de Renault. « Nous cherchons à nous défaire des compétences sur le stockage, le calcul, bref, sur l’infrastructure » indique de son côté Frédéric Vincent.
Mais surtout, l’alliance avec Google et Qualcomm doit permettre de créer un « OS », un système d’exploitation des futurs véhicules Renault. Les trois entreprises évoquent l’idée d’un « Software-Defined Vehicle », prenant l’image du SDN – Software Defined Network. Une manière d’ilmlustrer le fait que via des mises à jour applicatives, il est possible de faire évoluer les performances des véhicules. Et ce à distance.
Alors quoi de neuf par rapport à ce que propose Tesla depuis des années, ou encore la technologie FOTA (Firmware Over-The-Air), utilisée par Renault ? « Nous allons construire un OS de la voiture avec Google sur la base d’Android » résume Renault, qui a déjà largement testé l’expérience avec la partie entertainment des véhicules. « Aujourd’hui on trouve entre 60 et 80 calculateurs dans chaque véhicule. On a des difficultés à introduire de nouveaux services, car à chaque fois il faut modifier du hardware. Pour créer une clé virtuelle, il faut 2 ans. Avec Android, on passe a une architecture centralisée avec deux HPC. L’un gère la partie cockpit. L’autre gère la partie intérieure de la voiture, la partie chassis, la partie cybersécurité ».
Utiliser le même OS sur les fonctions non safe-critical
« Il faut voir l’architecture SDV comme un conteneur qui permet d’unifier le runtime entre les deux HPC. Nous allons utiliser le même OS sur les fonctions non safe-critical » indique Renault. Certes, la technologie FOTA continuera d’être utilisée pour mettre à jour du firmware, mais pour tout ce qui est non critique, c’est l’architecture SDV qui sera privilégié.
L’architecture SDV (Software Defined Vehicle) doit permettre, via des applications mobiles embarquées dans le véhicule sur une couche Android, de rendre « l’expérience à bord plus immersive et plus personnelle », selon Renault. Surtout, elle doit permettre de centraliser « les datas avec d’autres fonctions du véhicule comme les ADAS, la carrosserie, le châssis, la télématique, la connectivité, les Power Line Communications (PLC), la sécurité et la cybersécurité » dans un ordinateur, dit « Physical Computer Unit (PCU) ». De quoi optimiser les coûts matériels et logiciels.
En parallèle, l’architecture SDV est conçue pour être ouverte aux autres constructeurs automobiles. « C’est une plateforme ouverte, un produit qui peut être utilisé par d’autres OEM. L’idée est de faciliter la collecte des données » dit Renault sur ce point.
Flexivan, le premier véhicule SDV de Renault, pour 2026
L’idée est aussi avec cette architecture de fluidifier la collecte de données sur les véhicules. « Le SDV permet d’aller cherche de nouveaux services » indique Renault. « Nous allons vers la construction de jumeaux numériques de flottes de véhicules avec la possibilité de voir l’état des voitures en temps réel. Cela pourrait permettre de mettre plus de puissance dans des batteries et ce à distance, par exemple ».
Mais aussi de proposer des modèles économiques comme de l’assurance as you drive, ou de l’aide à la conduite économique. A ce titre, le premier véhicule équipé de l’architecture SDV doit se nommer Flexivan, et arriver sur le marché en 2026. Ce véhicule électrique sera destiné aux professionnels. Grâce au numérique, Renault veut proposer aux pros une TCU (Total Cost of Usage) réduit de 30 %, soit une économie de 30 000 € sur un TCU actuel de 100 000 €.
Pour aller plus loin sur ce sujet
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