Comment Telegram est devenu la cour des miracles de la criminalité ordinaire

Comment Telegram est devenu la cour des miracles de la criminalité ordinaire


« Les affirmations de certains médias disant que Telegram est une sorte de paradis anarchique sont totalement fausses. Nous supprimons des millions de messages et de canaux dangereux tous les jours. Nous publions des rapports de transparence quotidiens. Nous avons des lignes de contact avec les ONG pour pouvoir agir rapidement sur les demandes de modération urgentes. »

Dans un message publié jeudi 5 septembre, le premier depuis son arrestation et sa mise en examen par la justice française, Pavel Durov, le fondateur et PDG de Telegram, assure ne pas comprendre. Pourquoi la justice française l’accuse-t-elle de complicité avec les personnes qui ont utilisé sa plate-forme pour diffuser des contenus illégaux ? Telegram modère les contenus, jure-t-il, et en modère même beaucoup.

Il suffit pourtant d’ouvrir l’application, qui revendique 950 millions d’utilisateurs dans le monde, et d’effectuer des recherches basiques pour trouver tous les types de produits et services illégaux, dans des proportions sans commune mesure avec ce qui se passe sur d’autres plates-formes. M. Durov l’a à demi-mot reconnu, dans un autre message publié vendredi, en fin de journée, assurant que ses équipes allaient faire passer la modération de Telegram « d’un motif de critiques à un motif de félicitations ».

Voitures volées, faux billets et vrais escrocs

Captures d’écran de canaux vendant des armes, de faux papiers ou de faux billets.

Les équipes de Telegram – dont on ignore tout, y compris leur nombre et leur localisation – risquent d’avoir fort à faire. Quelques minutes sur l’application suffisent pour dénicher des canaux vendant, ici, un Magnum 44 avec ses munitions (3 000 euros, à chercher sur Lyon), là, des faux billets (100 euros pour 35 faux billets de 20 euros, « tous testés avant d’être vendus, c’est pour cela que nous sommes les meilleurs ! »). En trois clics, on accède à un canal comptant plus de 7 000 abonnés, qui propose sans grande discrétion des véhicules volés à la vente. Une BMW i8 y est affichée pour 12 000 euros, soit moins de 10 % du prix du neuf – fausses plaques d’immatriculation offertes.

Livraison discrète garantie

Besoin d’une fausse carte grise pour accompagner votre véhicule volé ? Là aussi, il y a un canal Telegram pour ça : « Impression HQ [haute qualité], police de texte 100 % identique aux vrais, hologramme », vante l’administrateur, photos à l’appui. Il propose également de fausses cartes d’identité, de faux diplômes et de faux titres de séjour pour quelques centaines d’euros. Livraison discrète garantie en point relais dans toute la France.

Annonces de vente de « clonecards », utilisées pour effectuer des retraits avec des cartes de crédit piratées.

Bien sûr, certaines de ces offres sont aussi vraisemblablement des escroqueries : rien ne dit que les commandes passées dans ces boutiques anonymes, où l’on paye souvent en cryptomonnaies ou grâce à des services de paiement exotiques, seront honorées. Car Telegram est aussi la plate-forme par excellence des arnaques, notamment aux faux placements et aux cryptoactifs louches. La vaste majorité des publicités présentes dans l’application renvoient d’ailleurs vers des comptes proposant des investissements douteux, comme ce groupe Trading crypto France, dont les publicités sont très présentes depuis plusieurs mois dans Telegram.

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