TikTok veut empêcher les mineurs d’âge de regarder des vidéos pendant toute la journée. Pour responsabiliser les adolescents, le réseau social chinois, scruté à la loupe par les autorités européennes, a mis en place de nouvelles limites.
Les jeunes passent près de deux heures par jour sur TikTok, indique la dernière étude annuelle de Qustodio, un fournisseur de logiciels de contrôle parental. L’application chinoise, qui cumule plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, est rapidement devenue le réseau social préféré des adolescents, en grande partie grâce à son algorithme de recommandation des contenus.
L’appétit insatiable des mineurs pour les vidéos TikTok n’est pas sans conséquences. Selon Irene Cristofori, neuroscientifique du CNRS, le visionnage sans fin de courtes vidéos est susceptible de provoquer de sérieux problèmes d’attention chez les plus jeunes.
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TikTok va imposer une limite quotidienne aux adolescents
Face aux critiques, ByteDance, maison mère de TikTok, a annoncé une mesure forte dans un communiqué sur son site web. Le groupe chinois s’est engagé à limiter le temps d’écran des mineurs d’ici à quelques semaines. Après avoir passé 60 minutes sur la plate-forme, les adolescents recevront un avertissement.
Pour continuer à regarder des vidéos, l’utilisateur devra impérativement entrer un mot de passe, défini au préalable dans les paramètres de l’app. Grâce à cette limite quotidienne, TikTok cherche surtout à responsabiliser les adolescents, qui n’ont parfois pas conscience de passer leurs journées rivés sur le réseau social.
« Le fait d’avoir davantage conscience de l’usage que nous faisons de notre temps nous permet aussi de mieux réfléchir aux décisions que nous prenons », explique Cormac Keenan, responsable de la confiance et de la sécurité chez TikTok, relayant une étude de l’organisation Internet Matters.
Si l’adolescent décide de prolonger son escapade sur TikTok au-delà de l’heure quotidienne, l’application affichera un nouveau rappel à l’ordre 30 minutes plus tard. Le réseau social recommandera alors à l’internaute de définir une limite de temps quotidienne en se rendant dans les paramètres.
« Nous sommes conscients que les adolescents ont généralement besoin d’être encadrés lorsqu’ils commencent leur vie numérique », déclare Cormac Keenan.
Définir ses propres limites
TikTok va permettre à ses utilisateurs de « définir leurs propres limites de temps d’écran pour chacun des jours de la semaine ». Afin de favoriser la déconnexion, il sera également possible de choisir les moments de la journée au cours desquels les notifications « seront mises en sourdine ». Ces options sont par ailleurs mises à disposition des parents qui souhaitent encadrer l’utilisation de leurs enfants par le biais du mode Connexion Famille. Lancée en 2020, cette fonctionnalité permet de relier le compte TikTok d’un parent à celui de sa progéniture.
Toujours dans l’optique de conscientiser les internautes, TikTok enverra toutes les semaines un récapitulatif du temps passé sur la plate-forme aux plus jeunes. Ce compte rendu sera transmis par le biais de la messagerie interne du réseau social. La plate-forme assure que ces mesures sont suffisantes pour éloigner, du moins temporairement, les adolescents de l’application. D’après les tests réalisés par ByteDance, les limites poussent d’ailleurs certains mineurs à programmer des restrictions par le biais des réglages de l’app :
« Cette démarche a fait augmenter de 234 % le recours à nos outils de gestion du temps d’écran ».
Un bon début
Sur son compte Twitter, Charlotte Caubel, secrétaire d’État auprès de la Première ministre en charge de l’Enfance, a salué l’annonce de TikTok, en estimant que « cette décision va dans le bon sens ». Elle espère même que d’autres réseaux sociaux prendront des mesures analogues dans un avenir proche. Par contre, la décision de TikTok ne « répond pas à l’ensemble de nos inquiétudes, notamment concernant la protection des données des utilisateurs et la teneur des contenus accessibles », rappelle la magistrate.
La manière dont TikTok collecte et exploite les données de ses usagers, y compris des plus jeunes, est au cœur de plusieurs enquêtes diligentées par la Commission européenne. Le réseau social est surtout soupçonné de recueillir des données sensibles sur les adolescents inscrits sur sa plate-forme.
Enfin, les limites imposées par TikTok ne protègent pas les adolescents de la prolifération de contenus toxiques et néfastes. Chaque semaine, un nouveau défi mettant en danger la santé physique ou psychologique des plus jeunes est d’ailleurs popularisé par des vidéos TikTok. En ce moment, certains comptes conseillent même aux individus désireux de perdre du poids de s’injecter de l’Ozempic, un médicament réservé aux diabétiques. D’après l’Agence de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce traitement, pris sans consultation médicale, peut mener à des affections biliaires ou pancréatiques et au cancer de la thyroïde.
Source :
TikTok