Une salle de CDI (Wikimedia Commons / domaine public)
Le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, a présenté le 27 janvier la «stratégie numérique pour l’éducation 2023-2027», qui «repose sur une série de mesures pour renforcer les compétences numériques des élèves et accélérer l’usage des outils numériques pour la réussite des élèves».
« Outils souverains, sécurisés, libres et communautaires »
Dans ce document d’une quarantaine de pages (PDF), il est indiqué que «l’enjeu du développement des compétences numériques est double. Il doit permettre en effet:
• de transmettre à chaque élève un niveau de compétences numériques solide, lui garantissant une aisance numérique indispensable pour la compréhension du monde et la bonne insertion professionnelle tout au long de la vie;
• de former, pour ceux qui le souhaitent et avec la recherche permanente de la parité filles-garçons, des experts susceptibles de se tourner vers les études puis les métiers numériques, dans l’objectif de former 400.000 à 500.000 professionnels du numérique supplémentaires d’ici à 2027.»
Page 24, on peut lire:
«En matière d’outils et de ressources pédagogiques, les enseignants doivent pouvoir à la fois s’appuyer sur des outils souverains, sécurisés, libres et communautaires, c’est-à-dire des « communs numériques », leur permettant de co-construire et partager entre pairs leurs productions, mais aussi tirer parti de nouvelles générations d’outils et de ressources numériques éducatives permettant de personnaliser les enseignements, différencier les apprentissages et les parcours, grâce notamment à l’intelligence artificielle, à l’immersion, etc.»
BigBlueButton, Moodle, deux logiciels libres
Et dans une section intitulée «Soutenir le développement des communs numériques»:
«Le terme « communs numériques » désigne un ensemble de ressources numériques produites et gérées par une communauté. Par nature, ils sont partagés et collectifs. Le ministère de l’éducation nationale propose aux professeurs plusieurs outils qui peuvent, pour certains d’entre eux, être utilisés avec leurs élèves. La plateforme de services « apps education.fr » leur fournit ainsi des outils de collaboration ou de communication, comme « classes virtuelles » et « visio-agents », fondés tous deux sur le logiciel libre BigBlueButton, ou encore des outils permettant le partage de fichiers ou la publication de vidéos hébergées sur des infrastructures françaises conformément à la stratégie de souveraineté numérique du Gouvernement. De même, la plateforme « Éléa », fondée sur le logiciel libre Moodle, permet aux professeurs de créer et partager des ressources éducatives libres et des parcours pédagogiques numériques scénarisés à destination de leurs élèves.»
«Par ailleurs, les communautés d’enseignants (et d’autres acteurs de l’éducation) peuvent également être des lieux de construction de nouveaux outils. Des professeurs, notamment de NSI ou de SNT, sont en attente d’une « forge » qui leur permettrait de collaborer entre pairs et de partager du code informatique. Le ministère répond à ce besoin avec la mise à disposition d’une forge technologiquement souveraine et mutualisée à l’échelle nationale.»
Or cette forge existe à présent en version bêta, à l’initiative d’Alexis Kauffmann qui pilote le projet (ainsi que la Journée du Libre éducatif, dont la deuxième édition aura lieu à Rennes le 7 avril, après Lyon en 2022, autre projet concret impulsé par le fondateur de Framasoft depuis son arrivée à la direction du numérique du ministère de l’Education nationale.
Cette forge est à l’adresse https://forge.aeif.fr/. Il s’agit d’une instance #GitLab pour le moment hébergée chez Clevercloud et animée par l’Association des enseignantes et enseignants d’informatique de France (AEIF).
Dans sa présentation, Alexis Kauffmann explique: «C’est la première fois qu’un tel projet voit le jour à l’Éducation nationale, projet qui ne correspond pas aux circuits classiques de productions de ressources pédagogiques (par appel à projets, marchés publics…). Si la mayonnaise prend, nous montrerons que les professeurs sont de formidables créateurs et partageurs de communs numériques tout en permettant au reste de la communauté d’en profiter.»
« Outils libres et souverains »
La stratégie 2023-2027 marque aussi, p. 20 (à propos de l’école élémentaire): «Cela prend la forme d’apprentissage et de mise en œuvre d’outils numériques fondamentaux – outils bureautiques et collaboratifs, outils éducatifs – au moyen d’actions éducatives régulières et dédiées dans les programmes et dans le temps scolaire, en s’appuyant sur des outils libres et souverains quand ils existent.»
Et p. 37: «Les opportunités d’innover sont très diverses: le développement du numérique responsable, avec une mise en cohérence avec les objectifs de développement durable (ODD), ou encore à travers la priorité donnée aux logiciels libres.»
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