Control Z : la série qui doit vous rendre parano

Control Z : la série qui doit vous rendre parano



Control Z est une production mexicaine, en trois saisons, disponible sur Netflix. À mi-chemin entre Pretty Little Liars, Gossip Girl et Scream (la série), elle nous embarque dans un tourbillon assez sympathique. Alerte spoiler : cette chronique révèle certains éléments-clefs de l’intrigue.

Sofia, l’outsider

Sofia est élève en seconde au lycée national. Plutôt renfermée après un passage en hôpital psychiatrique, elle sympathise avec Javier Williams, nouvel élève et fils d’un célèbre joueur de foot. Chaque groupe évolue dans sa propre bulle, jusqu’au jour où un mystérieux maître chanteur fait son apparition sur Instagram, au pseudo très évocateur : toustessecrets.

Très observatrice, Sofia, aidée de Javier, se met en tête de débusquer ce maître chanteur. Mais, pour cela, il va falloir s’allier avec ce que le lycée compte de pires au rayon des enfants gâtés. Sofia a une personnalité attachante. Elle n’est pas narcissique, elle n’est pas pourrie gâtée, c’est globalement une bonne élève, avec la tête sur les épaules.

Dans son lycée très huppé et très attaché aux apparences sociales, elle détonne, mais on comprend qu’elle s’en fiche, qu’elle voit le lycée comme une étape obligatoire et non comme une fin en soi. Si, contrairement à ses camarades, elle ne passe pas sa vie sur les réseaux sociaux, elle a aussi des choses à cacher.

Sécurité en carton

Pour découvrir les secrets des lycéens, le hacker se sert tout simplement du Wi-Fi du lycée. Tous les élèves et même les professeurs s’y connectent et il n’a plus qu’à récupérer les informations qui l’intéressent. Si vous vous demandez si c’est techniquement faisable, la réponse est oui. C’est même le B.A-BA. Pourquoi croyez-vous qu’on n’arrête pas de dire qu’il ne faut jamais se connecter à un Wi-Fi public sans VPN ? Pour financer des boîtes ? Non, il y a un enjeu de sécurité.

Au bout de la première saison, on se dit que tout le monde a retenu la leçon : non, on ne balance pas toute sa vie sur les réseaux sociaux. Non, on ne se connecte pas à un réseau Wi-Fi public. Oui, on change ses mots de passe en cas de doute. Que nenni : personne n’a rien retenu.

Ceci explique comment et pourquoi on arrive à une troisième saison, très tranquillement avec une apothéose, à base de harcèlement orchestré à partir d’un forum et d’une grande manipulation mentale. Car, il y a un point à ne jamais négliger. La plupart des attaquants ne misent pas sur la technique, mais sur la psychologie. Ils veulent vous faire peur, vous mettre sous pression, créer un sentiment d’urgence, d’insécurité ou de danger. Tout ceci est assez bien illustré dans la série et c’est assez rare pour être souligné.

Difficile apprentissage de la tolérance

L’un des protagonistes de la série, Gerry, s’en prend très violemment à un autre élève : Luis. Au point de le tuer et au fil des épisodes, on comprend pourquoi et comment il en est arrivé là. Luis avait exprimé des sentiments amoureux à son égard et si Gerry les avait initialement accueillis avec bienveillance, son père lui a fait radicalement changer d’attitude.

De tous les personnages, c’est peut-être le rôle le plus difficile et cela montre une chose : les adolescents sont perméables à nos attitudes. Avant que son père ne lui tienne un discours ouvertement homophobe, Gerry n’avait pas de problème avec Luis. Le propos que tient le père pourrait presque paraître anecdotique. Il ne l’est pas quand on est concerné. Pensez-y la prochaine fois que vous voudrez faire des « blagues ».

Après le meurtre de Luis, Gerry finit en maison de correction et est rejeté par ses parents. Une question reste sans réponse : a-t-il été rejeté parce qu’il a tué un camarade ou parce qu’il a fait son coming-out ? C’est finalement la mère de Luis qui va le recueillir et lui pardonner. Il change aussi de point de vue quand il a l’occasion de ne pas reproduire certaines erreurs.

Adultes 404

Les parents sont globalement absents ou défaillants dans cette série, au point que les adolescents n’ont pas du tout le réflexe de se tourner vers eux quand ils ont des problèmes. Le père de Javier est plus intéressé par mettre des filles dans son lit – y compris la petite amie de Javier, qu’autre chose. La mère de Sofia joue les copines. Les parents de Natalia et Maria sont peut-être les seuls à avoir deux sous de bon sens.

Quant aux parents de Raúl, ils sont champions toutes catégories confondues : ils s’en vont et laissent leur fils se débrouiller tout seul. Certes, avec une grande maison, beaucoup d’argent et des domestiques, mais, seul quand même. Le meilleur cocktail pour enchaîner les bêtises, ce qu’il ne manquera pas de faire.

Quant au corps professoral, avec tout le respect qu’on doit aux scénaristes, on n’imagine pas du tout Susana dans le rôle de directrice de lycée. La seule qui ressemble réellement à un membre du corps pédagogique est Lulú.

Critique sociale implicite

Control Z n’est pas précisément une série avec haute teneur politique. On n’y trouvera pas de critique politique, mais certains éléments sont insérés par petites touches. Ainsi, à aucun moment les protagonistes ne pensent à prévenir la police. Durant la troisième saison, dans les derniers épisodes, les adolescents en rigolent presque. Or, on sait que le Mexique est très concerné par la corruption.

Autre signe : les parents de Raúl, dont il est dit explicitement qu’ils sont corrompus et que leur fortune n’est pas propre. Mais, c’est surtout la saison trois qui fait la plus belle part à la critique sociale, à savoir que les gens qui ont une position sociale élevée ne paient pas le même prix que les autres. C’est assez bien illustré avec le personnage de Bruno.

Control Z est une bonne série, qui emprunte à d’autres certains codes. Le côté secret rappelle la série Scream. Le maître chanteur, Pretty Little Liars. L’utilisation du web, Gossip Girl. Néanmoins, elle a sa propre identité. Il n’y aura pas de saison 4, les scénaristes ayant considéré qu’ils ont fait le tour du sujet et c’est aussi notre avis. Elle se dévore très bien en trois ou quatre soirs.

Control Z est disponible sur Netflix. Et arrêtez de vous connecter à des Wi-Fi publics sans VPN.



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