C’est une arnaque massive que vous avez forcément dû recevoir un jour dans votre boîte mail. Les fausses convocations policières pour des soi-disant faits de pédopornographie sont devenues en quelques années l’un des classiques des escrocs, polluant les messageries mais conduisant aussi à des drames – six enquêtes sont en cours pour des suicides potentiellement en lien avec les tentatives d’extorsion.
Quatre services d’investigations
Mais la police et la gendarmerie française viennent d’annoncer un coup de filet judiciaire qui va peut-être être synonyme d’un coup d’arrêt, avec l’arrestation de dix-huit personnes en France et d’une en Belgique. Les investigations, dirigées depuis juin 2021 par le parquet cyber, ont mobilisé quatre services d’enquête de la police et de la gendarmerie, un nombre inhabituel.
Les 19 suspects sont accusés d’avoir aidé au blanchiment des extorsions commises avec ces fausses convocations. Ils auraient ainsi fait la liaison avec les escrocs, opérant à l’étranger, en ouvrant ou en faisant ouvrir des comptes bancaires en France destinés à recevoir les fonds déposés par les victimes. L’argent réceptionné aurait ainsi été soit envoyé vers d’autres comptes, soit retiré en France puis envoyé à l’étranger.
Extorsion basée sur la peur
Le mode opératoire des escrocs, qui repose sur la peur, était bien rodé. Ce genre de message prétend avoir détecté la présence du destinataire sur des sites pédo-pornographiques. Les auteurs du messages assurent ensuite qu’une procédure judiciaire va être lancée, sauf si une amende est payée.
Si la crédibilité de ce genre de message est assez faible, leur envoi massif est massif, augmentant la probabilité de toucher des personnes vulnérables ou peu vigilantes. La justice avait enregistré au mois de juin 2022 150 000 signalements via la plateforme Pharos et plus de 300 dépôts de plainte.
Les enquêteurs estiment le préjudice de ces escroqueries à la fausse convocation à au moins 3,3 millions d’euros. Les victimes, dont l’âge moyen est de 60 ans, ont payé entre 1400 euros et 90 000 euros.
Selon la police et la gendarmerie, les escrocs à la manœuvre viennent principalement de Côte d’Ivoire, avec des donneurs d’ordre identifiés. Sans qu’il n’y ait à proprement parler d’organisation criminelle structurelle: il s’agit vraisemblablement plus d’une technique partagée entre divers escrocs.