De l’idée à la réalisation, il y a souvent un gouffre qu’Hyperloop One n’a pas su franchir. L’entreprise, qui s’est appelée un temps Virgin Hyperloop, va fermer ses portes après avoir promis monts et merveilles.
Relier San Francisco à Los Angeles en 30 minutes, c’était l’idée folle d’Hyperloop, un concept imaginé par Elon Musk en 2013 dans lequel se sont engouffrées de nombreuses entreprises et beaucoup d’argent. Hyperloop One a été une des premières à se lancer sur ce créneau du train supersonique : depuis sa création en 2014, la société a levé 450 millions de dollars de fonds pour financer le développement de sa technologie.
Elon Musk s’HyperLoop
En 2017, Richard Branson, le fondateur de la galaxie Virgin, a lourdement investi dans la start-up rebaptisée Virgin Hyperloop One. La société a retrouvé son nom d’origine l’an dernier, après sa décision de ne plus transporter que du fret plutôt que des voyageurs. Désormais, c’est toute l’entreprise qui va être liquidée : Bloomberg rapporte qu’elle a renvoyé la plupart de ses employés (200 salariés environ) et cherche à vendre ses actifs — circuit de test et machinerie.
La propriété intellectuelle va être transférée à DP World, qui détient une part majoritaire dans le capital d’Hyperloop One. La start-up semblait pourtant bien partie pour réussir ce pari technologique, elle a construit un circuit dans le désert du Nevada pour tester la faisabilité technique du concept et, en 2020, elle réalisait le premier test avec des passagers humains… mais à 160 km/h, très loin des 1 200 km/h promis par Elon Musk !
L’Hyperloop s’appuie sur des capsules (des pods) se déplaçant dans des tubes à haute pression, ce qui permet de réduire considérablement la résistance à l’air. Les tubes peuvent être installés sur des pylônes ou dans des galeries souterraines. Si l’idée a de quoi exciter l’imaginaire, sa concrétisation est bien plus difficile.
Le maintien d’un environnement à basse pression sur de longues distances est complexe et coûte cher, assurer la stabilité des capsules à des vitesses supersoniques est un challenge technologique majeur, sans oublier la sécurité des passagers bien sûr. La disparition d’Hyperloop One du paysage est un coup dur pour ce concept ; d’autres entreprises continuent de plancher sur le sujet, notamment Hyperloop TT qui a installé une infrastructure à Toulouse. Mais là aussi, il semble bien que le fiasco soit au rendez-vous…
Le concept Hyperloop pourrait bien rejoindre le cimetière des fausses bonnes idées d’Elon Musk, qui a aussi imaginé des tunnels souterrains géants pour désengorger les routes en surface. La première, et unique, réalisation de son entreprise The Boring Company, à Las Vegas, se limite au transit de Tesla à la queue-leu-leu, loin de l’ambition initiale.
Source :
Bloomberg