Accessible en ligne, à partir de quelques dizaines d’euros d’investissement seulement, le financement participatif (crowdfunding, en anglais) immobilier n’en finit pas de séduire les épargnants.
Il faut dire que les rendements sont attractifs : selon le dernier baromètre du crowdfunding en France réalisé par Mazars et Financement participatif France, la performance annuelle moyenne des projets financés en 2022 a atteint 9,4 %, qui plus est pour une durée d’immobilisation moyenne des fonds courte, de vingt et un mois. C’est plus que l’inflation, ce qui est rare actuellement.
La performance annuelle moyenne des projets financés en 2022 a atteint 9,4 %
Ce type de crowdfunding consiste à participer, avec d’autres investisseurs, à une levée de fonds en ligne afin d’aider un professionnel de l’immobilier (promoteur, marchand de biens) à financer une partie de son opération (construction, réhabilitation, reconversion).
Preuve de l’engouement du grand public pour ces investissements, « la collecte annuelle a, en 2022, battu une fois de plus un record, atteignant 1,6 milliard d’euros, soit 25 % de plus qu’en 2021 », détaille Bertrand Desportes, associé chez Mazars, cabinet d’audit et de conseil. Il précise que les « deux tiers des projets sont financés via des obligations » et que « l’immobilier représente plus des deux tiers de la collecte de l’ensemble du crowdfunding ».
En dépit de ces résultats, la mécanique de cette machine jusqu’alors bien huilée commence à se gripper, car la conjoncture de la pierre se dégrade. Depuis 2022, les promoteurs peinent à commercialiser la totalité de leurs opérations d’immobilier résidentiel car les candidats acheteurs se font plus rares.
Dans un contexte économique incertain et face à la perte de pouvoir d’achat causée par l’inflation, les particuliers hésitent à se lancer dans un projet immobilier. Beaucoup se sont en outre heurtés à l’envolée des taux des crédits, et peinent à encaisser la majoration générale des prix de vente liée à la hausse des prix des matières premières et des coûts de construction.
Remboursements retardés
Résultat, non seulement le nombre des réservations de logements neufs au niveau national a chuté de près de 30 % sur un an, selon la Fédération des promoteurs immobiliers, mais en plus, « depuis quelques mois, la part des désistements de réservations avoisine 22 % à l’échelle nationale, contre 13 % habituellement », signale Pascal Boulanger, son président.
Ces vents contraires ont des effets directs sur les opérations de crowdfunding. Face au ralentissement général de leur activité, certains promoteurs ayant levé des fonds par le biais d’une plate-forme de financement ne parviennent pas à rembourser à temps les investisseurs, à l’issue du délai fixé au départ, c’est-à-dire souvent entre dix-huit et vingt-quatre mois. Certes minoritaires, ces retards se multiplient.
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