Aux Etats-Unis, rien ne va plus entre les e-sportifs professionnels de League of Legends (LoL) et l’éditeur de jeux vidéo Riot Games. Censé débuter ce jeudi 1er juin, le segment estival du LoL Championship Series (LCS) a été retardé après d’intenses frictions entre les deux parties. Les joueurs, qui avaient annoncé leur volonté de faire grève afin de protester contre une décision qu’ils estiment injuste, et l’éditeur, qui les menaçait en retour d’annuler purement et simplement la compétition, ont finalement décidé de se laisser deux semaines pour négocier en coulisse.
Au-delà des points de discorde – la disparition d’équipes de seconde division et le licenciement brutal de plusieurs dizaines de joueurs –, il s’agit aussi de dénoncer la remise en cause plus large d’une domination imposée par les studios de jeux vidéo dans l’e-sport. A la différence des sports traditionnels, les éditeurs tels que Riot Games, Activision Blizzard ou Nintendo possèdent en effet les jeux joués dans les compétitions qu’ils organisent, et sont régulièrement accusés de déconsidérer les intérêts des e-sportifs.
« Officiellement, nous sommes en pourparlers avec Riot Games en ce moment même et nous pensons que ces échanges seront productifs », veut rassurer Phillip Aram. Directeur exécutif depuis deux ans de la LCSPA, l’association qui défend la totalité des joueurs professionnels du championnat LCS, ce trentenaire à la longue carrière dans l’e-sport parle d’un ton calme et posé. C’est lui qui, accompagné de dizaines de joueurs, mène depuis quelques semaines une bataille acharnée contre Riot Games et est parvenu avec un projet de grève générale à faire fléchir l’éditeur. Contacté, Riot Games n’a pas répondu aux questions du Monde.
« Plus de 90 % des joueurs » en faveur d’une grève
Tout est allé très vite. Dans un communiqué publié en ligne le 12 mai, la firme californienne (propriété du Chinois Tencent) autorisait les équipes évoluant en LCS à se défaire d’une obligation qu’elle avait créée de longue date et selon laquelle chaque club de première division devait également faire jouer un effectif en seconde division (NACL). Une décision brutale, qui a provoqué le retrait dans la foulée de sept équipes du NACL et donc de nombreux licenciements.
Après quoi, dimanche 29 mai, relate Phillip Aram au Monde, « plus de 90 % des joueurs membres » de la LCSPA ont voté en faveur d’un débrayage collectif. Riot Games n’a pas manqué de réagir, menaçant l’association d’une annulation complète de la compétition, laquelle doit normalement courir jusqu’à fin juillet, et remettant en cause la participation des équipes nord-américaines à son prestigieux championnat du monde.
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