de « Méwilo » à « Adibou », l’inspirante carrière d’une pionnière du jeu vidéo

de « Méwilo » à « Adibou », l’inspirante carrière d’une pionnière du jeu vidéo


En 1990, les Français font la connaissance d’un extraterrestre aux oreilles démesurées. Prénommé ADI (pour « accompagnement didacticiel intelligent »), c’est la mascotte d’une gamme de logiciels éducatifs réalisés par Coktel Vision et qui permettent de réviser le français, les mathématiques et l’anglais pour des niveaux allant du CE1 à la 3e. Innovant, le concept rencontre un large succès commercial en France puis en Europe, si bien qu’en 1992 il est même décliné pour les enfants de 4 à 7 ans sous le nom d’Adibou, série de jeux dont le héros à la casquette rouge a marqué toute une génération, et qui revient dans une nouvelle version ce 28 avril.

Au sein de l’équipe qui a développé ADI se trouvaient les cofondateurs du studio, des enseignants chargés du contenu, mais aussi une femme au parcours atypique : Muriel Tramis, qui a assuré la réalisation des premiers épisodes. Aujourd’hui, la créatrice de jeux vidéo martiniquaise est une pionnière de cette industrie. Considérée rétrospectivement comme la première femme noire à avoir occupé cette position, elle a, depuis, obtenu une reconnaissance internationale et reçu la Légion d’honneur en 2018, récompense qui fait d’elle la deuxième personnalité du jeu vidéo à la recevoir, après David Cage.

Le personnage virtuel d’ADI, modélisé en 3D réagissait aux actions de l’élève. « Il n’était jamais censeur et toujours encourageant », précise Muriel Tramis.

Revenue vivre dans son île natale en 2003, Muriel Tramis se plaît à voir que les programmes pour enfants auxquels elle a participé suscitent aujourd’hui autant de nostalgie. « Comme tant d’autres animaux, nous sommes de petits mammifères qui avons besoin de jouer pour apprendre », nous dit-elle par visioconférence de sa voix au timbre chantant.

L’enfant devait aider un dromadaire à retrouver sa bosse en résolvant des problèmes d’algèbre et de géométrie

Car mélanger apprentissage et informatique a toujours fait partie de sa feuille de route. En 1989 par exemple, avant de travailler sur ADI, elle avait ainsi déjà réalisé La Bosse des maths, un titre coloré et bourré d’humour. L’enfant devait y aider un dromadaire à retrouver sa bosse en résolvant des problèmes d’algèbre et de géométrie. A l’époque, le style est à contre-courant des autres productions du genre. « Les éditeurs de manuels tenaient le haut du pavé, mais leurs logiciels étaient très rébarbatifs et scolaires ; il fallait des scénarios ludiques », rapporte celle qui a toujours montré l’envie de concilier sa créativité débordante et ses compétences techniques, issues de sa formation à l’Institut supérieur de l’électronique de Paris (ISEP).

Ce titre laisse aussi déjà entrevoir son savoir-faire pour un certain type de jeux vidéo interactifs, caractéristiques de cette période : ces jeux d’aventure dans lesquels on avance en résolvant des énigmes, en choisissant la bonne ligne de dialogue ou en cliquant sur des éléments cachés dans le décor. Cette formule a inspiré ADI, puis Adibou, qui n’est pas une création de Muriel Tramis contrairement à une idée répandue, mais dont elle a coordonné la production de certains épisodes.

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