C’est presque par erreur que l’on vient de découvrir ce qui pourrait se présenter comme le plus gros gisement d’hydrogène blanc au monde. C’est en sondant le sol au niveau de la commune de Folschviller en Lorraine que le laboratoire GeoRessources de l’Université de Lorraine et du CNRS a repéré ce gisement.
Initialement, l’analyse visait à évaluer l’état du méthane dans le sous-sol lorrain afin d’en estimer la teneur et la faisabilité d’une exploitation. Cette étude a nécessité le développement de nouvelles technologies dont la sonde SySMoG en collaboration avec la société Solex-perts, et qui a donc permis l’analyse des gaz dissous dans l’eau des formations géologiques situées jusqu’à 1200 m de profondeur.
Finalement, en progressant dans les différentes strates géologiques, les scientifiques ont découvert la présence d’hydrogène en concentration très importante et en progression à partir de 1250 mètres de profondeur. On estime ainsi que la concentration en hydrogène dépasserait les 90% à partir de 3000 mètres.
Selon l’équipe de chercheurs, le gisement pourrait représenter jusqu’à 46 millions de tonnes d’hydrogène blanc, soit plus de la moitié de la production annuelle mondiale actuelle d’hydrogène gris.
L’hydrogène gris correspond à de l’hydrogène produit en usine par transformation de gaz naturel. C’est actuellement notre première source d’hydrogène en tant qu’énergie, avec comme contrepartie le fait que sa production libère énormément de CO2. L’hydrogène noir nous provient du charbon pour sa part, tandis que l’hydrogène vert provient de l’électrolyse de l’eau (sa production se révèle particulièrement énergivore pour l’instant). L’hydrogène blanc est particulièrement intéressant puisqu’il s’agit d’hydrogène présent sous forme naturelle et qu’il se présente donc comme une source d’énergie primaire qu’il suffit d’extraire et stocker.
L.a découverte est particulièrement intéressante alors que l’on cherche actuellement des énergies en grande quantité à même de nous détacher des énergies fossiles.
Des études plus poussées et un forage au-delà de 3000 mètres dans le sous sol afin d’estimer plus précisément la taille du gisement et de confirmer la concentration en hydrogène présente. Un projet d’exploitation du gisement est déjà évoqué avec des partenaires industriels et institutionnels français et étrangers : un programme de recherche Regalor II débutera au premier trimestre 2024 pour une durée de 3 à 4 ans.
Cette découverte ouvre également la porte à d’autres découvertes de gisements un peu partout sur le globe, avec l’espoir de produire rapidement de l’hydrogène en grande quantité et avec un impact limité sur la planète.