Après notre prise en main détaillée du Nothing Phone (3), place maintenant au test. Premier flagship sorti par la marque depuis deux ans, le Nothing Phone (3) intègre un périscope, un Snapdragon 8 s Gen 4, une batterie de 5150 mAh chargée en 65 W et une interface unique, NothingOS. Voici notre avis complet.
Prix et disponibilité du Nothing Phone (3)
Le Nothing Phone (3) coûte 849 euros dans sa configuration de base, 12 Go de RAM + 256 Go de stockage, et 949 euros dans sa version plus musclée, 16 Go de RAM + 512 Go de stockage. Il est disponible dans deux coloris : noir et blanc.
Nothing Phone (3) 12+256 Go au meilleur prix Prix de base : 849 €
À un tel tarif, il se place aux alentours d’un Galaxy S25 ou d’un OnePlus 13, mais pas à leur prix de vente conseillé à la sortie.
Design : le smartphone de monsieur pas tout le monde
Si votre critère principal pour l’achat d’un smartphone est de vous différencier de la plèbe, du commun, des petites gens, ne cherchez plus, vous avez trouvé votre bonheur. L’envie de ne pas faire comme les autres est ancrée profondément dans l’AND de Nothing, qui dès ses premières conférences martelait que la Tech n’était plus fun, qu’il fallait renouer avec l’excitation qui caractérisait autrefois ce milieu.
Sous ses airs Punk, la start-up s’est tout de même assagie avec ses quatre années d’existence, enregistrant un chiffre d’affaires cumulé de 1 milliard de dollars. Mais il n’empêche, lorsqu’on aperçoit pour la première fois leurs dernières créations, qu’il s’agisse du Headphones (1), leur premier casque Bluetooth, ou le Nothing Phone (3) ici présent, on sort avec grand plaisir de sentiers battus.
Certains diront que le dos du Phone (3) a été dessiné par un esprit malade. Les petits coquins du service design s’amusent en effet à casser les codes de la symétrie. Ils installent des lignes parfaitement parallèles qui remontent sur toute la hauteur du dos du téléphone, enferment deux modules photo dans des carrés… pour mieux casser leur propre alignement avec un troisième module. Le périscope est ainsi légèrement décalé, comme ajouté « à la main ». On aime ou on n’aime pas, disons même que cela est clivant et assumé comme tel : soit on adhère complètement, soit on le rejette totalement.
Le reste du design est un peu plus « classique », du moins si vous avez l’habitude de Nothing. On retrouve les fondamentaux de la marque : la transparence, le plastique blanc ou noir selon le coloris, les vis apparentes, etc.
Les Nothing comportent souvent des formes de prime abord étranges sur leur dos, et le Phone (3) ne fait pas exception. Sur la partie haute, deux cercles se démarquent. L’un, placé au centre, accueille le flash en son sein, l’autre, à droite, est en réalité un écran, ou plutôt une matrice de pixels. Nous reviendrons sur son usage dans la partie logicielle de ce test.

Le Nothing propose une expérience riche, mais qui frise parfois le trop-plein. Par rapport à un smartphone « normal », nous avons donc ce design pas comme les autres, un écran au dos, mais également deux boutons supplémentaires. L’un se trouve au dos et il sert à faire fonctionner la matrice de pixels. Il s’agit d’ailleurs davantage d’une zone tactile avec retour haptique si l’on veut être précis, ce qui évite d’avoir une excroissance.
Le retour haptique est d’ailleurs très agréable. En revanche, le positionnement du bouton a pu nous poser quelques soucis. Pour l’utiliser, il faut en effet alterner entre appui rapide et long. Son côté un peu décentré obligé à tenir le smartphone de biais ou à le poser sur une table.
Le second bouton ajouté avait été introduit avec les Nothing Phone (3a). Son petit nom « Essential Key ». Là encore, nous détaillerons ses fonctionnalités dans la partie logicielle du test, mais il nous faut nous arrêter sur son positionnement.

Situé sur la tranche droite, il côtoie le bouton de verrouillage. Il est même situé quasiment à côté. Et c’est bien tout le problème. Nous ne comptons plus le nombre de fois où nous avons lancé un enregistrement avec ce bouton plutôt que d’allumer ou éteindre l’écran comme nous le souhaitions. De notre point de vue, soit ce bouton est en trop, soit il est placé trop haut pour son propre bien.
Puisque nous sommes au rayon des griefs, évoquons l’autre petit problème de ce smartphone : il est relativement lourd. Comptez 218 g sur la balance. Pour comparaison, un Galaxy S25 Plus, pour un grand format, pèse 190 g. Il existe bien sûr de nombreux flagships comme le OnePlus 13 et ses 213 g qui ne sont pas loin, le Phone (3) n’a donc pas à rougir de la comparaison. Mais il est vrai qu’à la longue, il nous a paru tout de même assez lourd et épais (presque 9 mm). Disons que ses dimensions ne sont pas une qualité.
Il se rattrape toutefois sur son niveau de finition impeccable. Les tranches en métal légèrement biseautées, le dos en verre plat, et surtout les bordures de 1,87 mm tout autour de l’écran, il n’y a pas de fausse note.
Écran : précis pour le visionnage de contenus
Le Nothing Phone (3), comme la quasi-intégralité de la production en 2025, intègre une dalle de 6,67 pouces rafraichie en 120 Hz. Ces quelques mots vous garantissent a minima une belle qualité d’affichage, notamment sur la question du contraste qui est excellent en OLED.
Une fois cela dit, Nothing propose un smartphone haut de gamme, on peut donc se permettre d’être un poil plus exigeant. Voici donc ce qu’il donne précisément d’après les mesures du 01lab.
Nothing Phone (3) Xiaomi Poco F7 Pro
Taille de l’écran 6,67 « 6,67 «
Pic lumineux 766 cd/m² 615 cd/m²
Pic lumineux (boost) 1544 cd/m²
Pic lumineux HDR 1768 cd/m²
Luminosité min de l’écran 2,12 cd/m² 2,06 cd/m²
DeltaE 2000 des couleurs (P3) 2,66 3,91
DeltaE 2000 des couleurs (sRGB) 3,59 1,85
Si l’on active pas la luminosité automatique, nous obtenons un pic lumineux déjà plutôt correct de 766 cd/m². En passant l’écran en automatique, et soumis à une lumière forte, il monte à 1544 cd/m², une mesure certes loin des 2000 cd/m² que peuvent atteindre certains concurrents, mais relativement convenable.

Quant à la fidélité des couleurs, mesurée grâce au Delta E 2000, on constate que le Nothing Phone 3 offre une expérience bien équilibrée en DCI-P3, format privilégié pour le visionnage de contenus, avec un score de 2,66. Pour comparaison, sur son mode de couleurs par défaut, le Poco F7 Pro monte à 3,91 (plus vous êtes élevés, moins l’affichage est précis). En sRGB en revanche, beaucoup plus répandu et qui devrait représenter la large majorité des éléments affichés à l’écran, le mode par défaut est bien moins bon avec un delta E 2000 sRGB de 3,59.
Logiciel : NothingOS toujours aussi riche et agréable
On l’a dit, l’originalité du Nothing Phone (3) repose donc énormément sur son design. Mais son interface, depuis les débuts, tente de proposer également une expérience différente. Nothing OS, ici sous Android 15, est une surcouche développée en interne par la start-up londonienne et misant tout sur deux éléments : la simplicité et le monochrome.
Le monochrome n’a pas vraiment besoin d’être expliqué. Toute l’interface y compris les icônes des applications (ce qui est un casse-tête technique sans nom) possède un skin noir et blanc. Les écritures, les icônes et les apps maison de Nothing s’appuient sur un langage de design basé sur le pointillisme, façon d’imiter les pixels d’un écran. Au-delà du volet esthétique, l’aspect monochrome a pour avantage d’aider à déconnecter un brin de son smartphone. Les coloris attrayants des icônes d’applications ayant tendance à pousser à cliquer dessus de façon compulsive.
Bien sûr, si vous n’adhérer pas au choix opéré par Nothing, le constructeur vous laisse le choix de vous passer du skin noir et blanc au profit d’une expérience Android stock plus classique. Mais à quoi bon prendre un Nothing dès lors ?
Le deuxième trait marquant de NothingOS est sa simplicité. Celle-ci passe, pour commencer, par l’absence de bloatwares, ces fameuses apps préinstallées un peu agaçantes. En outre, l’interface propose de nombreux widgets (mais alors vraiment beaucoup). Leur objectif : vous inciter à ne pas multiplier les pages, mais à utiliser le téléphone avec une seule page dense en information, et pourtant claire, lisible et agréable. Vous avez bien sûr accès à un tiroir d’applications, qu’il est d’ailleurs possible de ranger automatiquement en pôle.
Pour parfaire l’ensemble, NothingOS a le bon goût d’être bien plus stable que les premières versions déployées et profite d’une bonne fluidité dans ses animations. Petit easter’s egg pour les plus geeks d’entre nous : la barre google en bas de l’écran placé sous les raccourcis d’application est une petite excentricité que seuls le Nothing Phone et les Pixel de Google, qui s’occupe d’Android, se permettent.
Bonne nouvelle, Nothing a largement musclé son jeu sur la durée de mise à jour et passe à 5 ans de mises à jour Android et 7 ans de patch de sécurité. Une durée tout à fait acceptable en 2025.
Glyph Matrix : l’idée fun et originale
Jusqu’ici, Nothing collait un ensemble de LED au dos de son smartphone appelée une interface Glyph. D’après la marque, 8 utilisateurs sur 10 la gardaient activée, ce qui montre qu’il s’agit d’un marqueur important. Pour son Phone 3, exit l’ensemble de LED, bonjour à un écran rond affichant une matrice de pixels noir et blanc.

Le résultat est franchement réussi. Nothing propose dès la sortie de la boîte 9 petits « jeux Glyph » pour en profiter, mais également mis à disposition le SDK pour que des développeurs puissent en ajouter au fur et à mesure.
Pour l’heure vous pouvez afficher :
- Une horloge ;
- Un jeu de la bouteille ;
- Le niveau de batterie ;
- Un chronomètre ;
- Un mode miroir pour se prendre en photo avec les modules au dos ;
- Un cadran solaire ;
- Un jeu de pierre feuille ciseau ;
- Une boule magique pour « prédire » l’avenir ;
- Un niveau.
Vous vous demandez sans doute comment interagir avec ces éléments depuis le dos du téléphone. Eh bien, Nothing a ajouté un bouton haptique à son dos. Un appui court permet de changer d’outil Glyph, un long permet de l’utiliser, tout simplement.
Ce n’est pas tout, si le smartphone est en mode sonnerie, les sons des notifications peuvent se synchroniser sur la matrice. Vous pourrez à terme choisir un visuel différent pour chaque app ou chaque contact par exemple.
Et pour éviter qu’elle ne vous gêne la nuit, la matrice Glyph peut bien entendu être désactivée en fonction de l’heure du coucher que vous avez paramétré.
Essential Space : pour le moment, peu convaincant
C’était la grande idée de Nothing avec ses Phone (3a), mais avec le recul, est bien utile d’ajouter un bouton pour enregistrer ses pensées et ses capteurs d’écran en un même endroit, le fameux Essential Space ?
A priori, les utilisateurs de Nothing se posent la même question, puisque la marque a confirmé par la voie de son fondateur lui-même, Carl Pei, qu’un utilisateur sur 5 l’utilisait au moins une fois par semaine. Difficile de voir cela comme une victoire.
Pour rappel, pour utiliser Essential Space, vous devez appuyer sur le bouton Essential Key. Un simple appui fait une capture, un appui long lance un enregistrement et un double appui permet d’accéder à votre espace. Il est évidemment possible de créer un résumé par IA d’un enregistrement audio.
Nothing a toutefois des idées dans sa besace pour améliorer l’expérience d’ici la fin d’année, avec la nouvelle version de NothingOS. La firme promet notamment qu’Essential Space pourra accéder à l’intégralité de votre smartphone pour nourrir ses algorithmes.
Photo : 50 Mpx à tous les étages
Voici la configuration complète en photo du Nothing Phone (3).
- Grand angle : capteur de 50 Mpx de type 1/1,3 pouce, F/1,68, OIS et autofocus
- Périscope : capteur de 50 Mpx de type 1/2,75 pouce, f/2,68, 70 mm (équivalent X3), zoom numérique jusqu’à X60 ;
- Ultra grand angle : capteur de 50 Mpx de type 1/2,76 pouce, F/2,2, 114° ;
- Selfie : capteur de 50 Mpx de type 1/2,76 pouce, f/2,2, 81,2°.

Et voici notre avis sur celle-ci.
Passons maintenant aux photos en conditions réelles. Le Nothing Phone (3) offre une prestation tout à fait correcte, convenable, mais qui manque un peu de personnalité. Les clichés ont un bon piqué sans être exceptionnels, les choix de colorimétrie sont prudents, et la dynamique est maitrisée. On sent clairement que c’est un des points où Nothing peut encore grappiller quelques points.
De nuit et dans des conditions lumineuses moins évidentes, le Nothing Phone (3) s’en sort très convenablement. En pause longue, il récupère une belle quantité d’informations et lorsqu’il ne déclenche pas le mode nuit, comme sur les verres, on obtient un résultat naturel franchement pas mauvais. Le mode portrait est un peu plus discutable.
Performances : un Snapdragon haut de gamme pour faire tourner l’ensemble
Le Nothing Phone 3 est équipé d’un Snapdragon 8 s Gen 4. Si vous êtes un peu perdu dans les noms des puces pour smartphones, ne vous inquiétez pas nous aussi. Il s’agit peu ou prou d’une puce légèrement moins puissante que la plus haut de gamme du marché, le Snapdragon 8 Elite. Pourquoi sa dénomination ne suit pas le nouveau schéma de nom ? Allez, demandez à Qualcomm.
Au demeurant, il n’est pas certain qu’il s’agisse d’un très bon choix. Lorsqu’il est mis face au Poco F7 Pro et son Snapdragon 8 Gen 3, le Nothing Phone (3) peine à s’imposer sur Geekbench et AnTuTu.
Nothing Phone (3) Xiaomi Poco F7 Pro
SoC Qualcomm Snapdragon 8s Gen 4 Qualcomm Snapdragon 8 Gen 3
Nothing Phone (3) Xiaomi Poco F7 Pro
SoC Qualcomm Snapdragon 8s Gen 4 Qualcomm Snapdragon 8 Gen 3
En outre, nous avons mesuré une chauffe très importante du smartphone durant notre habituel test de chauffe. La batterie notamment, a passé les 52 °C de température. On a coutume de dire qu’une batterie commence à s’abimer à partir de 40 °C, c’est donc assez élevé.

Pour un usage plus classique, les performances du Nothing Phone (3) nous ont semblé somme toute conformes à ce qu’on attend d’un smartphone premium. Pas de ralentissement, une expérience fluide, des chargements très courts, bref, rien à redire au quotidien.
Batterie : autonomie correcte et charge vraiment rapide ?
Le Nothing Phone (3) est équipé de 5150 mAh de batterie. Cela hisse ainsi sa capacité de 17 % par rapport au Nothing Phone (2). La marque assure que cela est dû à l’ajout d’un soupçon de silicium carbone à sa formule.
Mais comment cette capacité se comporte-t-elle en conditions réelles ? Nous avons soumis le Nothing Phone (3) à notre test d’autonomie mixte afin de nous constituer un avis un peu plus construit.
Capacité de la batterie Autonomie mixte Charge en 10 min Temps de charge
Nothing Phone (3) 5150 mAh 17 h 20 mn 25 s 28 % 1 h 5 mn
Samsung Galaxy S25 4000 mAh 18 h 21 mn 19 s 19 % 1 h 32 mn
OnePlus 13 6000 mAh 22 h 10 mn 13 s 41 % 39 mn
Apple iPhone 16 3561 mAh 13 h 27 mn 1 s 22 % 1 h 52 mn
Il en ressort qu’il met 17 heures et 20 minutes à passer d’une batterie complètement chargée aux 5 % d’autonomie affichées par le téléphone. Pour donner un peu de perspective, le Galaxy S25, sur le même exercice, met 18 h et 21 min, tandis que l’iPhone 16 dégringole en 13h. Le OnePlus 13, l’un des champions du genre, met 22 heures.

Avec un tel score, vous pouvez sans doute attendre du smartphone qu’il tienne tranquillement la journée d’utilisation, même intense. Si vous avez un usage modéré, voire léger, vous pourrez aller chercher une demi-journée de plus dernière, mais pas bien davantage.
Charge : 65W
Le Nothing Phone (3) supporte une charge filaire de 65 W, contre 45 W pour la génération précédente. Pour la mettre à l’épreuve, comme le smartphone n’est pas fourni avec un chargeur, nous avons utilisé un bloc de charge Anker de 65 W.
La marque promet 19 minutes pour arriver aux 50 %. Pour notre part, nous avons mesuré 22 minutes, ce qui se situe dans une marge d’erreur acceptable. La promesse de la marque semble donc tenue, grâce un pic de pic 63 W mesurés par nos soins.
Au bout de 10 minutes de charge, nous avons mesuré un téléphone déjà à 28 %, ce qui est très bon et dépasse largement les 19 % et 22 % respectifs du Galaxy S25 et de l’iPhone 16.
Le temps de charge total mesuré est aussi très correct avec un 1 h 05 au compteur, contre 1h32 pour un Galaxy S25. En revanche, sur la charge, le OnePlus 13 et ses 39 minutes est bien meilleur.
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