Derrière le retour des astronautes « bloqués » de l’ISS, le mensonge d’Elon Musk

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Butch Wilmore et Suni Williams ont quitté la Station spatiale internationale après 277 jours en orbite qui leur aura permis d’effectuer de nombreuses missions pour la NASA, dont une sortie extravéhiculaire. Sur Terre, Elon Musk a préféré qualifier leur prolongement de séjour d’une erreur de Joe Biden. SpaceX a pourtant ses torts.

C’est une aventure qui aura duré un total de 277 jours, et qui, précisons-le dès le départ, n’a aucunement posé problème à ses deux astronautes concernés. Pendant près d’un an, Butch Wilmore et Suni Williams ont orbité à bord de la Station spatiale internationale (ISS), en attendant une capsule de remplacement.

Les deux acolytes décollaient le 5 juin dernier à bord de Starliner, un nouveau vaisseau concurrent de Crew Dragon et développé par Boeing. Malheureusement, celui-ci rencontrait de nombreux dysfonctionnements. En mettant en danger la vie des deux astronautes lors du vol aller, la question se posait quant à risquer un vol retour habité.

Après avoir passé l’été à se demander si la capsule de Boeing serait suffisamment sûre pour renvoyer les astronautes vers la Terre, la NASA tranchait le 24 août pour un retour à vide. Dès le mois de septembre, la capsule Crew-9 de SpaceX décollait avec seulement deux astronautes à bord sur les quatre sièges disponibles.

Tout était donc sous contrôle, et Butch Wilmore et Suni Williams voyaient leur mission évoluer pour qu’ils deviennent de véritables membres de l’équipage de l’ISS, avec les différentes missions qu’on pouvait leur demander. Bref, en aucun cas ils n’auront attendu, « coincés », à se tourner les pouces. En février, les deux réalisaient même une sortie extravéhiculaire.

Suni Williams et Butch Wilmore posent devant la capsule Starliner de Boeing, avant leur vol de démonstration début juin 2024. À ce moment, les deux astronautes pensaient embarquer pour un séjour de huit jours en orbite © Boeing

Les raisons de l’attente prolongée, et le mensonge d’Elon Musk

Une fois arrivée, la capsule Crew-9 devait encore attendre que ses deux astronautes à bord réaliser l’entièreté de leur mission avec l’équipage 72, avant qu’ils ne soient remplacés. Le retour était alors prévu pour le mois de février 2025.

Malheureusement, pour renouveler l’équipage à bord de l’ISS, SpaceX devait envoyer Crew-10 avec une capsule dont la préparation prenait du retard. La société, dont Elon Musk est aux commandes, retardait alors le retour de Butch Wilmore et Suni Williams à la fin du mois de mars.

Entre-temps, Donald Trump gagnait la Maison-Blanche. Sur une demande totalement impromptue, il ordonnait sur son réseau social que les astronautes Butch Wilmore et Suni Williams puissent rentrer sur Terre au plus vite par le biais d’une capsule SpaceX.

À la volée, le patron de la société américaine soulignait les dires du nouveau président américain, jugeant que le séjour prolongé des astronautes était inadmissible et résultait de l’incompétence de l’ancien président, Joe Biden.

Un énorme mensonge, alors que Butch Wilmore et Suni Williams confirmaient lors d’une interview que de leur point de vue « la politique n’avait joué aucun rôle ». Rappelons d’ailleurs que l’incident initial provenait des soucis de développement de la capsule de Boeing, et que la NASA privilégiait de faire confiance à SpaceX plutôt qu’à son concurrent pour un retour en toute sécurité.

Quant à la période d’attente entre septembre 2024 et mars 2025, l’explication ne tient qu’en l’état de non-urgence du retour des deux astronautes, et de leur implication dans les missions de la NASA en remplacement de deux autres astronautes qui auraient dû embarquer à bord de Crew-9.

Spacex Lancement 16 Aout Falcon 9
© SpaceX

Pour accélérer de 10 jours le retour, Elon Musk bouleverse les plans de SpaceX

Au final, Elon Musk a-t-il réussi à répondre à la demande de Donald Trump, et accélérer le retour de Butch Wilmore et Suni Williams ? La réponse est oui, mais de quelques jours seulement. Au lieu d’un retour le 25 mars, SpaceX a pu faire en sorte de lancer Crew-10 le 12 mars et enclencher le retour de Crew-9 le 18 mars.

Seulement une semaine d’avance donc, mais un véritable bouleversement chez SpaceX. En effet, la capsule qui devait être utilisée pour Crew-10 n’était toujours pas prête, et Elon Musk a choisi d’utiliser celle prévue pour une mission future, dédiée au tourisme spatial.

Le vaisseau devait décoller pour une mission baptisée Fram2, embarquant un entrepreneur du nom de Chin Wang ainsi qu’une réalisatrice, un guide et une chercheuse en robotique. Particularité de la mission, une trajectoire polaire, une première dans l’histoire.

Space X Pole Terre Mission Fram 2
Une illustration de SpaceX pour annoncer la mission Fram2, sur une orbite polaire © SpaceX

En moyenne, des séjours de 6 mois à bord de l’ISS

Malgré un total de neuf mois en orbite, Butch Wilmore et Suni Williams n’ont pas battu le record du temps passé dans l’espace. Des missions se focalisant sur l’étude de l’exposition prolongée à la microgravité conduisaient les astronautes Mark Vande Hei et Scott Kelly à rester de 340 à 355 jours dans l’espace.

En moyenne, les équipages envoyés par l’agence spatiale américaine restent en orbite pour une durée de six mois, avant d’être remplacés par un nouvel équipage. Un moyen de limiter leur perte de masse osseuse et musculaire due à la microgravité, tout comme les changements dans le système cardiovasculaire.

Du côté de l’agence russe Roscosmos, certains astronautes ont fait bien plus. C’est le cas d’Oleg Kononenko, qui restait 374 jours, après une cinquième mission en orbite qui lui permettait de cumuler 1 111 jours au total dans l’espace. Mais au sein de l’ancienne station Mir, le record est toujours détenu par Valery Polyakov avec 438 jours sans pause, de 1994 à 1995.

De l’expérience de Butch Wilmore et Suni Williams, on retiendra surtout l’improbable extension de leur séjour – un schéma que beaucoup de passionnés de l’espace verraient comme un rêve. À l’origine, les deux devaient rester huit jours seulement, pour compléter leur mission de démonstration pour Boeing.

Le 8 janvier 2025, lors d’un appel retransmis avec la NASA, Butch Wilmore riait : « pas de panique, on nous nourrit bien ». Suni Williams d’ajouter : « c’est un bonheur d’être ici. […] Quand nous rentrerons chez nous, nous aurons beaucoup d’histoires à raconter ».

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