Sa vie fut fugace, mais sa carrière fulgurante. Lancé en mai 2013, Flappy Bird, jeu vidéo pour smartphone aussi amusant que coriace, caracolait encore en tête des classements des magasins d’applications au moment de son retrait, en février 2014 (près de trois millions de téléchargements quotidiens, comptabilisait alors Le Monde). A cette époque, son créateur, le Vietnamien Dong Nguyen, révélait même toucher près de 50 000 dollars par jour grâce aux publicités intégrées. Le jeu gratuit a toutefois disparu du jour au lendemain, son développeur expliquant regretter avoir créé un jeu si « addictif ». Un paradoxe qui a contribué à entretenir la légende de l’oiseau pixélisé.
Mais jeudi 12 septembre, le volatile sort de sa tombe : « Je suis de retour !! » publie un compte au nom et aux couleurs de Flappy Bird, sur le réseau social X. « Le classique emblématique du jeu mobile » sera de nouveau jouable à partir de l’automne 2024, promet The Flappy Bird Foundation Group dans un communiqué de presse publié le même jour.
L’entreprise derrière ce projet n’a pourtant visiblement rien à voir avec le jeu originel. Elle assure avoir « acquis les droits d’exploitation » du jeu viral auprès de l’entreprise Gametech Holdings LLC. Cette dernière a gagné en septembre 2023 une procédure judiciaire lancée contre M. Nguyen auprès du Bureau américain des brevets et des marques de commerce, en invoquant l’abandon de la licence. Faute de réponse de la part du développeur, l’agence américaine a finalement donné raison à Gametech Holdings LLC, ouvrant la voie au retour de l’utilisation de la marque et du principe du jeu à l’oiseau jaune.
Jeu gratuit et monnaies virtuelles
Même s’il se revendique comme « officiel », ce nouveau projet a poussé M. Nguyen, dont les prises de parole publiques sont rarissimes, à sortir de son silence. « Je n’ai rien à voir avec leur jeu », a-t-il fait savoir sur X dimanche. Contactée par Le Monde, l’équipe du développeur est restée énigmatique, faisant savoir que celui-ci s’expliquerait « en temps voulu ».
En plus de la question de la propriété de la licence Flappy Bird, son retour présumé s’est doublé d’une deuxième polémique, relative à son économie présumée, dont tout semble indiquer qu’elle s’appuiera sur les cryptomonnaies. En effet, The Flappy Bird Foundation Group fait la promotion d’un Flap-a-TON, un projet éphémère mis à disposition sur la chaîne Telegram consacrée au jeu. Ce dernier est intégré au Telegram Open Network (TON), la blockchain initialement confectionnée par les équipes de la messagerie controversée et sur laquelle il est possible de faire circuler des cryptomonnaies comme le Toncoin.
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