A travers le monde, près de 3 milliards d’individus ne sont toujours pas connectées à internet. Et un nombre de personnes quasiment équivalent sont confrontées à une connectivité lente et peu fiable. Ou proposée à un tarif rédhibitoire.
Si la fibre optique reste la technologie reine, elle ne peut être déployée sur toutes les géographies. L’internet satellitaire fait souvent figure d’alternative dans les zones blanches, non desservies par la fibre ou les réseaux mobiles en 4G/5G.
Avec Taara, l’incubateur X d’Alphabet, maison mère de Google, propose une troisième voie. Héritage du programme Loon qui visait à offrir un accès internet aux pays de l’hémisphère Sud à partir de ballons stratosphériques, ce projet utilise des faisceaux laser pour transmettre des données à très haute vitesse sans nécessiter de câbles physiques ni de satellites.
Jusqu’à 20 gigabits par seconde sur 20 kilomètres
« Tout comme la fibre traditionnelle utilise la lumière pour transporter des données à travers des câbles, Taara utilise la lumière pour transmettre des informations sous forme de faisceaux très étroits et invisibles, explique X sur son site. Ces faisceaux sont envoyés entre deux petites unités Taara pour créer un lien. »
Pour cela, l’équipe de Taara a mis au point une puce photonique en silicium. Le concept s’appuie également sur des « ponts lumineux », les Taara Lightbridge, composés de cette puce, de systèmes de miroirs, de capteurs et d’optiques de précision. Lorsque deux Lightbridge se font face, ils s’alignent automatiquement pour créer un « pont » de lumière permettant de faire passer le faisceau d’un point à un autre.
Taara peut ainsi transmettre des données à des vitesses allant jusqu’à 20 gigabits par seconde. Et ce sur des distances allant jusqu’à 20 kilomètres. Soit une capacité comparable voire supérieure à une infrastructure de fibre optique. Le tout en utilisant l’énergie d’une ampoule de 40 W.
Plus rapide et moins coûteux que Starlink
En éliminant les contraintes du câblage physique, la technologie peut :
- Etre déployée en quelques heures dans des zones reculées
- Fournir une connectivité temporaire lors d’un événement, comme le festival Coachella, ou en cas de catastrophe naturelle
- Proposer un accès alternatif quand les réseaux traditionnels sont saturés dans les zones densément peuplées
Pour Mahesh Krishnaswamy, son directeur général, Taara se pose en alternative à Starlink, l’offre d’internet satellitaire d’Elon Musk. Interviewé par The Wired, il déclare pouvoir « offrir aux utilisateurs finaux un débit 10 fois, voire 100 fois supérieur à celui d’une antenne Starlink classique, et ce pour une fraction de son coût ».
Déjà déployée dans une douzaine de pays
Depuis son lancement en 2017, Taara a déployé des centaines de liens dans plus d’une douzaine de pays dont le Kenya, le Ghana, la République démocratique du Congo ou l’Inde. Et la société a noué des partenariats avec des opérateurs télécoms.
Taara entame maintenant une nouvelle vie. Le 17 mars 2025, le projet a quitté le laboratoire de X pour devenir une entreprise indépendante. Cette émancipation s’est accompagnée d’un tour de table mené par le fonds de capital-risque Series X Capital.
Autonome, Taara pourra plus facilement attirer des capitaux et se développer.