DevOps est certainement le mot-valise le plus connu de l’IT. Cette approche vise à rapprocher les « dev » et les « ops » en facilitant la communication de ces deux populations de la DSI, qui se sont longtemps ignorées – voire regardées en chiens de faïence.
Sur le papier, développeurs et responsables d’exploitation portent, de fait, des intérêts divergents. Les premiers s’emploient à faire évoluer le plus rapidement le système d’information parfois au détriment de la qualité. Les seconds cherchent au contraire à maintenir le SI stable, freinant ainsi les déploiements.
Un manque de communication qui entraîne des incompréhensions, des bugs mais surtout des retards dans la mise en production. Une situation qui devenait intenable à l’heure de la transformation numérique et du « time to market » roi.
15 ans d’existence
Né autour de 2007 et dénommé ainsi par l’ingénieur belge Patrick Debois, le DevOps s’est depuis rapidement imposé. Selon les dernières prédictions du cabinet d’études Forrester, la moitié des équipes IT seront passées à des chaînes d’outils DevOps consolidées d’ici la fin de l’année.
De son côté, une récente enquête de Redgate Software révélait que près des trois-quarts des entreprises avaient introduit le DevOps dans au moins certains projets, contre 47 % lorsque l’étude a été publiée pour la première fois, il y a cinq ans.
Casser les silos
Comme nous l’avons vu, le mouvement DevOps vise à casser les silos. Les développeurs et les responsables de l’infrastructure partagent un certain nombre de bonnes pratiques et d’outils logiciels afin de fluidifier et accélérer les processus de mise en production.
Pour faire tourner l’usine logicielle, les informaticiens utilisent des outils collaboratifs (Slack, Microsoft Teams, Jira), des référentiels de code source de type Git et des chaînes d’intégration, de tests et de livraison en continu (Continuous Integration/Continuous Deliver, CI/CD). Ces chaînes sont constituées de différentes briques open source (Jenkins, Gradle, CodeShip, Buddy) ou se présentent sous forme de plateformes intégrées (GitLab, CloudBees).
Et comme le DevOps devient indissociable du cloud, et notamment des environnements hybrides et multicloud, on trouve aussi des solutions d’Infrastructure-as-a-Code (IaaS) telles que Terraform et Ansible et, bien sûr, Kubernetes, l’orchestrateur incontournable des environnements conteneurisés.
« DevOps est avant tout une culture »
« Mais, plus que des outils ou une méthode, DevOps est avant tout une culture qui doit permettre aux équipes d’interagir entre elles, d’intégrer l’activité quotidienne de l’autre », estime Olivier Félis, ingénieur avant-vente France et BeLux chez Micro Focus. « Le bon sens et le pragmatisme permettent d’harmoniser les process et de travailler en bonne intelligence. »
L’approche impliquant de nombreux changements en interne, à commencer par un décloisonnement des services, il conseille de mettre en place un accompagnement au changement et de sensibiliser chaque salarié aux concepts DevOps avant sa mise en place. Il s’agit ensuite de s’assurer que l’ensemble des collaborateurs peut travailler dans cette dynamique commune, du développeur au superviseur.
Les gains sont au rendez-vous. Dans l’édition 2021 de son Accelerate State of DevOps Report, Google Cloud montre que les équipes les plus matures, baptisées « élites », continuent à accélérer le rythme de leur production logicielle. Pour autant, elles seraient moins soumises au stress, toutes les étapes avant le déploiement ayant été validées et les tests générés automatiquement. Les équipes ayant une vraie culture DevOps auraient ainsi subi deux fois moins de cas de burn-out pendant la pandémie de Covid-19.
Passage à l’échelle et pénurie de compétences
« Si les grands comptes ont un bon niveau de maturité, les entreprises de moindre taille sont encore en phase de démarrage », observe Olivier Félis. « Elles sont parfois perdues, confondant agilité et DevOps. »
Si les deux approches sont légitimement associées, il rappelle « qu’on ne peut pas être agile sans être DevOps, DevOps concourant à l’accélération des itérations. En revanche, on peut être DevOps sans être agile et faire, par exemple, du cycle en V ».
Les organisations éprouvent par ailleurs des difficultés à généraliser l’approche. Pour Olivier Félis, si mettre en œuvre le DevOps sur un petit périmètre est tout à fait accessible, le passage à l’échelle peut rapidement devenir un véritable défi.
Un mouvement qui se développe
La pénurie de compétences freine également les velléités des entreprises. Selon une récente étude menée conjointement par CodinGame et CoderPad, le DevOps fait partie des trois compétences les plus recherchées par les recruteurs avec le développement web et l’intelligence artificielle et le machine learning.
Pour autant, le mouvement DevOps est appelé à encore s’amplifier dans les années à venir. L’approche a même fait des petits avec l’émergence de méthodes dérivées, baptisées DevSecOps et DevFinOps, qui intègrent nativement la sécurité ou l’optimisation financière dans les projets logiciels.
A quand le DevGreenOps, qui associerait la sobriété numérique à la démarche ?
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