Prenant le contrepied de l’actuel chef de l’Etat américain, Joe Biden, prêt à soutenir une proposition de loi qui menace le réseau social chinois TikTok, Donald Trump s’est dit, lundi 11 mars, défavorable à son interdiction aux Etats-Unis. « Ce qui me déplaît, c’est que sans TikTok, vous allez faire grossir Facebook, qui est pour moi un ennemi du peuple, au même titre que d’autres médias », a déclaré le seul candidat encore en lice pour l’investiture républicaine lors du scrutin présidentiel du 5 novembre, lors d’un entretien à la chaîne CNBC.
Il s’agit d’un revirement pour l’ancien président américain, qui avait pris, en août 2020, un décret pour interdire TikTok aux Etats-Unis, invoquant une menace à la sécurité nationale. Saisis par la plate-forme et des créateurs de contenu, deux juges fédéraux de juridictions distinctes avaient ensuite retoqué la mesure, en septembre et en décembre 2020, des décisions que n’avait pas contestées le gouvernement Trump.
Si le texte est adopté, « je le signerai », a déclaré Joe Biden
La totalité des cinquante membres d’une commission de la Chambre des représentants ont voté jeudi en faveur d’une proposition de loi qui forcerait, en cas d’adoption, la maison mère de TikTok, ByteDance, à céder sa filiale, sous peine d’interdiction du réseau social aux Etats-Unis. Le texte devrait être soumis au vote de la Chambre cette semaine, selon plusieurs médias américains.
Les parlementaires s’inquiètent des liens entre TikTok et les autorités chinoises, y voyant le risque d’une transmission massive de données d’utilisateurs américains vers la Chine. A plusieurs reprises, le groupe a assuré ne pas avoir reçu de demandes du gouvernement chinois en ce sens et dit que, le cas échéant, il refuserait.
« [Si les parlementaires] l’adoptent, je le signerai » a déclaré vendredi M. Biden au sujet du texte, se disant ainsi prêt à promulguer cette nouvelle loi, soutenue par des parlementaires démocrates et républicains.
Lundi, M. Trump s’est dit favorable à la protection des données, mais a affirmé, sans preuve, que d’autres entreprises technologiques étaient prêtes à communiquer des informations d’utilisateurs américains si Pékin le demandait, mentionnant Facebook.
Après ce revirement, plusieurs médias américains ont évoqué les liens de l’ancien chef de l’Etat avec le financier Jeff Yass, donateur majeur à des candidats républicains et dont la société d’investissement, Susquehanna International Group, possède une participation importante au capital de TikTok.
Selon le New York Post, Jeff Yass, qui a rencontré Donald Trump en Floride il y a quelques jours, aurait menacé de ne plus financer des candidats républicains si la loi concernant TikTok était adoptée. Interrogé par CNBC, Donald Trump s’est défendu d’avoir abordé le sujet avec le financier.