Donald Trump veut mettre fin au « Chips Act », le plan massif de subventions des semi-conducteurs

Semi-conducteur


Pour le président américain, la menace des droits de douane suffit à inciter les fabricants de semi-conducteurs à rapatrier leur production aux États-Unis. Il a demandé aux élus du Congrès de se débarrasser du « Chips Act », le plan à 52,7 milliards de dollars adopté par l’administration Biden en 2022.

Une bonne nouvelle pour l’Europe ? Pendant son discours fleuve fait devant le Congrès américain mardi 4 mars, Donald Trump, a expliqué qu’il voulait mettre fin au « Chips Act », le plan massif de subventions de Joe Biden sur les semi-conducteurs. « Vous devriez vous débarrasser du Chips Act et utiliser ce qui reste (du budget NDLR), Monsieur le Président (du Congrès, NDLR), pour réduire la dette. Ou pour toute autre raison que vous souhaiteriez », a commencé le président américain qui s’adressait dans une ambiance électrique aux parlementaires américains.

« Votre loi sur les puces électroniques est une chose horrible, horrible. (…) Nous donnons des centaines de milliards de dollars (aux fabricants de semi-conducteurs, NDLR), et cela ne veut rien dire. Ils prennent notre argent et ne le dépensent pas », a-t-il ajouté – le discours est consultable sur le site du New York Times. En 2022, le Congrès adoptait le « Chips and Science Act » ( Chips pour « Creating Helpful Incentives to Produce Semiconductors », soit littéralement la création d’incitations utiles à la production de semi-conducteurs). 

L’objectif de la loi était d’inciter les fabricants de puces du monde entier à ouvrir des usines sur le sol américain – un objectif partagé par Donald Trump qui, à la place de la carotte (les subventions), préfère, lui, manier le bâton, (les droits de douane). En arrière-plan, Washington cherchait (et cherche toujours) à réduire la dépendance des industriels américains à l’Asie du Sud-Est, une partie du globe où se concentre la majorité des fabricants de semi-conducteurs. Aujourd’hui, presque tous les processeurs de pointe, ces composants essentiels aux smartphones, aux ordinateurs et même à l’intelligence artificielle, sont fabriqués en Corée du Sud et surtout à Taïwan, par TSMC.

À la clé était prévu un budget colossal de 52,7 milliards de dollars, dont 39 milliards directement réservés aux sites de production. Fin janvier 2025, près de 33 milliards de dollars de subventions auraient été octroyées, selon Reuters, dont 4,745 milliards de dollars pour Samsung, 7,86 milliards de dollars pour Intel, 6,6 milliards de dollars pour TSMC et 6,1 milliards de dollars pour Micron. 

Plus besoin de subventions, la menace des droits de douane de 25 % suffit, estime en substance Donald Trump

La veille, le géant taïwanais annonçait justement investir près de 100 milliards de dollars sur le sol américain – un investissement réalisé grâce à la menace des droits de douane faite quelques semaines plus tôt, estime le président américain. En février dernier, le milliardaire avait prévenu qu’il comptait introduire des droits de douane à hauteur de 25 % sur les semi-conducteurs, dès le mois d’avril… à moins que les fabricants investissent dans le pays. « Lorsqu’ils viennent aux États-Unis et qu’ils y installent leur usine, il n’y a pas de droits de douane », avait déclaré le locataire de la Maison-Blanche.

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Résultat, TSMC s’est plié à la règle et avait annoncé un investissement monstre dans le pays, estime le président américain. « Tout ce qui comptait pour eux (TSMC, NDLR), c’est qu’ils ne voulaient pas payer les droits de douane, alors ils sont entrés dans le rang et beaucoup d’autres entreprises sont en train (de faire de même, NDLR). Nous n’avons pas besoin de leur donner de l’argent. Nous voulons simplement protéger nos entreprises et notre population, et (les fabricants de semi-conducteurs, NDLR) viendront parce qu’ils n’auront pas à payer de droits de douane s’ils construisent aux États-Unis ».

Des élus américains inquiets pour les emplois et les projets d’usine

En retour, des parlementaires craignent que les velléités de sortie du Chips Act de Donald Trump, qui ne sont pour l’instant que des déclarations, ne remettent en cause les subventions déjà accordées mais pas encore versées. La gouverneur de l’État de New York, Kathy Hochul (démocrate), a déclaré mardi 4 mars que le Chips Act « est la raison pour laquelle l’entreprise Micron a apporté 100 milliards de dollars à l’État de New York », avec 50 000 emplois créés à la clé.

Même son de cloche pour l’Arizona. Greg Stanton (élu démocrate) a déclaré, sur son compte X, que les déclarations de Donald Trump étaient une « attaque directe contre l’industrie des semi-conducteurs de l’Arizona et les dizaines de milliers de travailleurs de l’Arizona ». Il a ajouté que l’investissement de 100 milliards de dollars de TSMC n’aurait pas eu lieu sans la loi.

L’année dernière, l’Association de l’industrie des semi-conducteurs, citée par nos confrères du Financial Times, avait pourtant estimé que le « Chips Act » et ces milliards d’investissements publics avait été un pari gagnant.  La loi avait entraîné un boom des investissements privés, allant bien au-delà des espérances de Washington. Selon ses calculs, les entreprises de puces et les fabricants de composants de la chaîne de fabrication des semi-conducteurs auraient investi – ou se seraient engagés à investir – une somme qui ferait rêver le Vieux Continent : 327 milliards de dollars sur les dix prochaines années. La construction d’usines d’appareils informatiques et électroniques aurait été multipliée par quinze sur le sol américain, selon ces statistiques.

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