Où en est le marché français des télécoms ? Comme chaque année, l’Arcep, l’autorité de régulation du secteur, fait le point lors de sa conférence Telconomics. Les nouvelles sont plutôt bonnes. Après une décennie de recul, le revenu des opérateurs progresse pour la quatrième année consécutive, de 1,5 %, pour s’élever à 38,1 milliards d’euros HT en 2024.
Cette croissance, moindre que la celle de la période 2021- 2023 – 2 % environ chaque année -, est davantage à mettre à l’actif des services fixes, en hausse de 3,3 %, que des réseaux mobiles qui progressent de seulement 0,4 %. Dans le fixe, c’est bien sûr le haut et le très haut débit qui tirent le marché. Le nombre d’abonnements en fibre optique atteint 24,4 millions fin 2024 contre moins d’un million il y a dix ans.
Avec près de 3 millions de nouveaux convertis en un an, le nombre d’abonnements internet en fibre optique progresse fortement, représentant désormais les trois-quarts des abonnements, soit un gain de 9 points en un an. Avec la fermeture programmée du réseau cuivre, la fibre se substitue progressivement à l’ADSL. Le nombre d’abonnés à cette technologie vieillissante a fondu à 6,3 millions, soit une perte de 2,6 millions en un an.
Trois cartes SIM sur dix en 5G
Le même phénomène de substitution s’opère sur le mobile. La croissance des usagers à la 5G bondit de 70 %, avec 10 millions de cartes SIM actives supplémentaires en un an. Elles représentent désormais 29 % des 83,9 millions de cartes SIM en service à la fin de l’année 2024 (+ 12 points). Par contrecoup, la croissance sur les réseaux 4G ralentit (- 7 points en trois ans).
La croissance des utilisateurs des réseaux mobiles 4G et 5G va de pair avec la progression de l’usage de données.
Les clients des opérateurs actifs sur les réseaux 4G consomment en moyenne 16,6 Go par mois en 2024, en hausse de 1,1 Go en un an. Au total, le trafic de données consommées sur les réseaux mobiles s’élève à 15 exaoctets.
SMS et appels téléphoniques en chute libre
Avec le recours accru aux messageries instantanées, les Français envoient de moins en moins de SMS, soit 93 SMS par mois, douze de moins en un an. Initié depuis 2016, ce repli de l’usage des SMS s’est accentué lors de la crise sanitaire et se poursuit en 2024 avec une baisse de 11 %.
De même, la consommation vocale depuis les réseaux fixes et mobiles diminue continûment depuis 2014 – à l’exception de l’année 2020 marquée par la crise Covid (+ 20 %) – et baisse encore de 3 % en 2024.
Les Français passent des appels 3h35 par mois sur leur smartphone et moins d’une heure sur le téléphone fixe (56 minutes par mois en RTC, 50 minutes en VoIP).
Baisse des tarifs dans le fixe…
En ce qui concerne les tarifs, le prix des abonnements aux services fixes a diminué de 5,9 % en 2024, alors qu’il progressait régulièrement depuis 2019. L’Arcep explique, entre autres, cette baisse par la commercialisation de nouvelles offres fibre à des tarifs moins élevés, n’incluant plus des services auparavant proposés avec les abonnements triple play. Des opérateurs proposent ainsi des box internet sans décodeur TV.
Plus généralement, les tarifs des offres fibre tendent à diminuer pour converger avec ceux de l’ADSL.
Alors que le surcoût lors du passage à la fibre optique était jusqu’alors compris entre 4 et 10 euros, il n’est plus que de 5 euros au maximum en 2024. Les prix des abonnements ADSL ont quant à eux diminué en moyenne de 1,5 % l’an dernier.
…Comme dans le mobile
Les prix des services mobiles diminuent également fortement de 16,7 % en un an, prolongeant la tendance amorcée fin 2023. La facture mensuelle moyenne par carte SIM atteint 14,9 euros HT. Cette baisse s’explique par « l’apparition de nouvelles offres, incluant des volumes de données inférieurs, plus adaptées à la consommation des clients, à des tarifs plus faibles. »
Les prix des forfaits de gamme intermédiaire, incluant environ 100 Go, ont également diminué au cours de l’année 2024.
Les forfaits sans subvention du terminal représentent désormais la grande majorité du marché avec 84 % des abonnements. De même, les prix des cartes prépayées diminuent pour la première fois depuis 2020, de 23,3 %.
Investissements en retrait
S’élevant à 12,2 milliards d’euros en 2024, les investissements consentis par les opérateurs et les gestionnaires de sites mobiles (towercos) pour bâtir les infrastructures fixes et mobiles diminuent pour la troisième année consécutive, tout en se maintenant à un niveau élevé.
L’Arcep observer une montée en puissance des co-investissements.
Grâce à cette mutualisation des moyens, la part des locaux raccordables aux réseaux de fibre optique éligibles à au moins quatre opérateurs atteint 92 % en 2024, contre 83 % un an plus tôt. Le taux de mutualisation est plus faible sur les réseaux mobiles, atteignant près de 50 %.