La huitième édition du sommet Choose France s’est conclue, ce mardi 20 mai, avec un niveau inédit de 53 annonces pour 40,8 milliards d’euros d’investissement. A eux seuls, les projets d’implantation de datacenters représentent une enveloppe d’un peu plus de 27 milliards d’euros.
Si la grande majorité de ces annonces avait été dévoilée en février, lors du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle à Paris, elle renforce le positionnement de la France, comme terre d’accueil de centres de données. Avec le développement des usages numériques et surtout de l’IA, le marché des datacenters croît sept fois plus vite que le reste de l’économie française.
Notre pays dispose, de fait, de sérieux atouts. Pays européen disposant du meilleur taux de couverture en fibre optique, l’Hexagone est aussi, par sa position géographique, interconnecté par des câbles sous-marins à l’Amérique du Nord, à l’Afrique et à l’Asie. La ville de Marseille est ainsi devenue le sixième hub internet mondial.
Plus d’une soixantaine de sites disponibles
Sur le plan des infrastructures électriques, la France est le pays disposant du plus gros excédent d’électricité dans l’UE, et la production devrait continuer à croître de 2 % par an, indique l’Élysée dans son dossier de presse.
Une électricité décarbonée à 95 % grâce au parc nucléaire. Le gestionnaire du réseau électrique, RTE, a mis en place une procédure accélérée dite « fast track » pour le raccordement des consommateurs de puissance de très haute tension (400kV).
Dernier atout ; le foncier disponible. En plus de 35 sites annoncés en février, le Gouvernement a identifié 28 nouveaux sites d’accueil situés principalement dans le Nord, le Centre et la façade Est du territoire. Actuellement à l’étude, le projet de loi de simplification de la vie économique doit simplifier et accélérer les procédures administratives.
Quatre projets d’une ampleur inédite
À l’occasion de Choose France 2025, quatre investissements majeurs ont été annoncés ou rappelés.
Digital Reality
Digital Reality (2,3 milliards d’euros d’investissement, 750 emplois directs et indirects). Sur les 5,3 milliards d’euros d’investissements annoncés en France lors du Sommet de l’IA, le principal opérateur mondial de datacenters a déjà engagé 2,3 milliards.
A peine a-t-il achevé son campus de La Courneuve que Digital Reality va investir 2 milliards d’euros dans la commune voisine de Dugny pour construire le plus grand datacenter de France, à proximité de l’aéroport du Bourget. Soit une puissance de 200 mégawatts répartie sur plus de 41 000 mètres carrés.
A Marseille où il possède déjà quatre datacenters – MRS1, MRS2, MRS3, MRS4 – le groupe américain a engagé les travaux d’un cinquième, MRS5 (300 millions d’euros d’investissement, 200 emplois directs et indirects), tous situés dans l’enceinte du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM).
MGX (avec Bpifrance, Mistral et NVidia)
MGX avec Bpifrance, Mistral et NVidia (8,5 milliards d’euros d’investissement). La licorne Mistral, le fondeur Nvidia, le fonds d’investissement émirati spécialisé dans l’IA et les technologies avancées MGX et Bpifrance ont annoncé la création d’une joint-venture. Elle a pour objectif de développer « le plus grand campus d’IA d’Europe ».
Situé en Île-de-France, possiblement sur le plateau de Saclay, ce campus pourrait atteindre une capacité de 1,4 GW, soit presque l’équivalent d’une centrale nucléaire EPR. Les travaux devraient démarrer au second semestre 2026 pour une mise en service d’ici 2028.
« Stratégiquement ancré dans les écosystèmes français de recherche et d’innovation, le projet intégrera des capacités de calcul avancées, des infrastructures de test à grande échelle et des environnements de développement en conditions réelles », précise le communiqué commun.
Brookfield (avec Data4)
Brookfield (10 milliards d’euros d’investissement, 4 000 emplois directs et indirects).
Associé à l’opérateur Data4, dont il est le principal actionnaire, le fonds d’investissement canadien Brookfield prévoit la création d’un datacenter d’une puissance d’un gigawatt à Cambrai dans le Nord.
Prologis
Prologis (6,4 milliards d’euros d’investissement pour 3 400 emplois directs et indirects). Ce dernier acteur est le plus méconnu. Spécialiste de la gestion d’entrepôt logistiques, Prologis prévoit le développement, d’ici à 2035, de quatre datacenters en Ile-de-France, d’une capacité totale de 584 mégawatts.
Le groupe américain a confié aux Echos, faire le choix de la France pour « sa position centrale au sein du réseau logistique européen » et son « écosystème industriel et numérique solide ».
Il estime, par ailleurs, que notre pays « bénéficie d’un mix énergétique favorable, particulièrement attractif pour les projets d’infrastructures numériques ».