« Si Trump perd, je suis niqué. » Dans un mélange habituel de provocation, de paranoïa et de candeur, Elon Musk a ainsi résumé sa situation, à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine. La phrase, diffusée lundi 7 octobre dans un entretien avec l’ex-présentateur de Fox News Tucker Carlson, illustre une nouvelle donne. Depuis son rachat en octobre 2022 par l’industriel, le réseau social Twitter a beaucoup changé – jusqu’à son nom, qui est désormais X. Mais le multimilliardaire a, lui aussi, achevé une mue importante, et très politisée : depuis juillet, il soutient ouvertement Donald Trump.
Son compte sur X est devenu l’un des principaux porte-voix de la campagne : il y assène quotidiennement des éléments de langage ultraconservateurs, des injures à l’encontre de Kamala Harris, régulièrement qualifiée d’extrémiste ou de communiste, et M. Musk y ressasse également chaque jour une théorie du complot avançant que les démocrates « importent » des immigrés illégaux dans les Etats-clés du vote pour manipuler les élections. Etape encore supplémentaire et inhabituelle : le patron s’est affiché aux côtés de M. Trump en meeting, le 5 octobre.
En quelques mois, il semble avoir en partie lié son sort, et l’avenir de ses entreprises, aux résultats de la présidentielle. Si Donald Trump est élu, il pourrait jouir d’une puissance renforcée. Il dirigera une commission chargée de l’efficacité du gouvernement, a promis le candidat républicain. Ce « génie » « conseillera » aussi la Maison Blanche sur l’intelligence artificielle, a anticipé M. Trump, défendant une ligne plutôt opposée à la réglementation cette technologie, afin d’affirmer la puissance américaine face à la Chine.
« Une position inédite »
M. Musk pourra aussi compter sur un maintien ou une augmentation des commandes publiques pour son entreprise de fusées SpaceX et, désormais, sur une politique bienveillante envers Tesla. Début septembre, le candidat, historiquement très critique des véhicules électriques, a affirmé être « pour les véhicules électriques ». « Il faut bien que je le sois, parce qu’Elon me soutient très fortement. Donc je n’ai pas le choix », a-t-il ajouté. Sa réélection mettrait Elon Musk dans « une position inédite : celle du premier oligarque américain », écrit le magazine Politico.
A l’inverse, une élection de Kamala Harris serait plus périlleuse, vu sa politique de terre brûlée. « Je n’arrête pas de la pourrir », s’est amusé M. Musk face à M. Carlson, se demandant de « combien d’années de prison » il écoperait. Certes, réduire les commandes publiques pour SpaceX, aujourd’hui partenaire indispensable de la NASA, semble difficile. Et le programme de Kamala Harris contient des aides aux véhicules électriques, dont Tesla bénéficie déjà, malgré des tensions avec le président Biden au début de son mandat.
Il vous reste 61.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.