Les entreprises doivent-elles absolument tout parier sur l’IA générative ? Shopify et Duolingo ont récemment annoncé leur intention d’exploiter cette technologie, au détriment des ressources humaines.
L’arrivée de ChatGPT fin 2022 a ravivé les inquiétudes de voir certaines tâches, jusqu’alors réservées aux humains, confiées à des machines. L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle générative fait saliver certains dirigeants, alléchés par les promesses de gains de productivité et les économies de personnel à la clé. Des promesses qui peuvent aussi se transformer en miroir aux alouettes et en saignée sociale. D’après le site Layoffs.fyi, 549 entreprises de la tech ont supprimé plus de 150 000 postes en 2024. Le compteur dépasse les 50 000 depuis le début de l’année.
L’obsession de l’IA
Duolingo veut devenir une entreprise « AI first ». Pour le CEO Luis von Ahn, ce n’est pas une question de « si », mais de « quand ». « Lorsqu’un changement d’une telle ampleur survient, la pire chose à faire est d’attendre », écrit-il dans un mémo posté sur LinkedIn. « En 2012, nous avons misé sur le mobile. Alors que d’autres se concentraient sur des applications mobiles pour accompagner leurs sites web, nous avons choisi de privilégier le mobile en premier, car nous savions que c’était l’avenir. »
Parier sur le mobile a été la bonne chose à faire. Par conséquent « nous faisons aujourd’hui un pari similaire, et cette fois, le changement de plateforme, c’est l’IA », explique le patron de l’app d’apprentissage de langues. Duolingo va donc cesser « progressivement » de faire appel à des prestataires « pour les tâches que l’IA peut prendre en charge ». Les créations de postes ne seront autorisées « que si une équipe ne peut pas automatiser davantage son travail », prévient-il également.
Chaque division de Duolingo devra aussi lancer des « initiatives spécifiques » pour transformer leur manière de fonctionner. Il faut s’attendre à de sérieux bouleversements en interne, car « être orienté IA signifie que nous devrons repenser en profondeur notre manière de travailler ». Et pas question d’attendre que la technologie soit « parfaitement aboutie » : il faudra accepter « quelques pertes ponctuelles de qualité », admet-il. Mais pas question de « rater l’opportunité en avançant trop lentement».
Les utilisateurs de Duolingo, en particulier ceux qui payent, seront-ils heureux de cette évolution ? Cela reste à voir bien évidemment. Pour l’entreprise en elle-même et ses employés, les perspectives ne sont en tout cas pas très réjouissantes.
Le mémo de Luis von Ahn fait écho à celui de son homologue de Shopify, Tobi Lütke. Il a demandé à ses équipes de démontrer pourquoi elles ne peuvent pas atteindre leurs objectifs en utilisant l’IA, avant de demander des embauches ou des ressources supplémentaires. « À quoi ressemblerait notre secteur si des agents IA autonomes faisaient déjà partie de l’équipe ? », questionne le dirigeant. « Cette question peut donner lieu à des discussions et des projets vraiment intéressants », assure-t-il encore.
Shopify, qui propose aux commerçants un service en ligne pour gérer les ventes et leurs opérations, prendra en compte l’utilisation de l’IA générative dans les évaluations de performance des employés.
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