Comme souvent, Elon Musk s’amuse, même pour les annonces les plus importantes. Le milliardaire a clamé sur Twitter, jeudi 11 mai, qu’il avait embauché une directrice générale pour le remplacer à la tête de la plate-forme, mais sans donner l’identité de l’élue.
« Ravi d’annoncer que j’ai engagé une nouvelle directrice générale pour X/Twitter. Elle commencera dans environ 6 semaines ! », annonce, dans son message, celui qui a racheté l’entreprise fin octobre et l’a rebaptisée « X Corp » le mois dernier. « Je vais devenir président exécutif du conseil d’administration et directeur de la technologie, pour superviser les produits, les logiciels et les opérations », ajoute-t-il.
Excited to announce that I’ve hired a new CEO for X/Twitter. She will be starting in ~6 weeks!
My role will transi… https://t.co/VBozZ0fceu
Le patron de Tesla et SpaceX avait fait un sondage en décembre pour demander aux utilisateurs de Twitter s’il devait ou non quitter la direction de la plateforme. Quelque 17 millions d’entre eux s’étaient prononcés, dont 57 % favorables à son départ. Après quelques tergiversations – il avait insinué que ce résultat était le fruit d’une armée de comptes automatisés – Elon Musk avait fini par tweeter qu’il prévoyait de céder la place dès qu’il aurait « trouvé quelqu’un d’assez fou » pour lui succéder.
L’action Tesla monte aussitôt de plus de 2 %
Son annonce de jeudi a suscité des commentaires enthousiastes de ses nombreux fans, et aussi fait grimper de plus de 2 % l’action de Tesla à Wall Street, car le temps passé par le dirigeant aux nombreuses casquettes chez Twitter inquiète le marché.
L’entrepreneur a transformé le réseau social californien. Le jour du rachat, il a immédiatement congédié l’ancien patron, Parag Agrawal, l’ancienne directrice juridique, Vijaya Gadde, et l’ancien directeur financier, Ned Segal. Il a ensuite abruptement remercié la moitié du personnel, et continué à licencier des employés par dizaines, des ingénieurs qui l’avaient critiqué à Esther Crawford, l’architecte d’un nouvel abonnement et rare soutien public du tempétueux patron.
Le groupe sorti de la cote en Bourse compte désormais environ 2 000 employés au lieu de 7 500, selon des estimations. Le réseau social a aussi beaucoup changé. Elon Musk a laissé revenir de nombreuses personnalités controversées, qui avaient été bannies pour avoir enfreint les règles de modération des contenus.
Les coches bleues qui garantissaient l’authenticité et la crédibilité des comptes qui les avaient obtenues après vérification sont désormais accessibles à tous, moyennant un abonnement payant à Twitter Blue. Et plusieurs organisations de presse occidentales, comme la BBC ou la radio nationale américaine NPR, ont fustigé l’étiquette de « média financé par le gouvernement » qui leur avait un temps été accolée.
Fuite des annonceurs
Ces changements chaotiques et les diverses provocations d’Elon Musk ont fait fuir de nombreux annonceurs, dont dépend le modèle économique de la plate-forme. Twitter est parti pour gagner moins de 3 milliards de dollars (2,75 milliards d’euros) en 2023, contre 4,14 milliards (3,80 milliards) en 2022, soit 28 % de moins, d’après Insider Intelligence.
« Un nouveau dirigeant, c’est la seule façon pour l’entreprise d’avancer », a réagi jeudi Jasmine Enberg, une analyste de ce cabinet d’études. Elle estime que si Elon Musk prend du recul, la société a une chance de « regagner la confiance des annonceurs ». « Il est difficile d’imaginer quelqu’un qui soit plus controversé ou cause plus de torts à l’activité publicitaire que Musk ».
Fin mars, le multimilliardaire a estimé la valeur de Twitter à 20 milliards de dollars, contre 44 milliards au moment de l’acquisition, selon un document interne consulté par plusieurs médias américains. Mais « il semble que nous allons arriver à l’équilibre au deuxième trimestre » 2023, a-t-il tweeté.