Emmanuel Macron estime que la fin de la lutte contre la désinformation liée au Covid-19, décidée par Elon Musk, est « un gros problème »

Emmanuel Macron estime que la fin de la lutte contre la désinformation liée au Covid-19, décidée par Elon Musk, est « un gros problème »


Alors que l’épidémie du Covid-19 connaît une recrudescence, la fin de la lutte contre la désinformation liée à la pandémie sur Twitter, décidée par le nouveau propriétaire du réseau social, Elon Musk, est un « gros problème », a estimé jeudi 1er décembre Emmanuel Macron.

Lors d’une interview à la chaîne américaine ABC, en marge de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, le président français a déclaré : « Je pense que nous devons prendre le sujet à bras-le-corps, je suis en faveur de l’exact opposé, plus de régulation. Nous le faisons [en France] et nous le faisons au niveau européen. »

En s’emparant récemment de Twitter pour 44 milliards de dollars (42,5 milliards d’euros), l’homme d’affaires américain a entrepris de bouleverser la modération des contenus sur le réseau social. Parmi ces mesures, la fin à la lutte contre « les informations trompeuses sur le Covid-19 » depuis le 23 novembre, a annoncé l’entreprise mardi.

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Le chef de l’Etat français a donc réagi jeudi en affirmant que la liberté d’expression « implique des responsabilités et des limites. Vous ne pouvez pas sortir et tenir des propos racistes ou antisémites, c’est un point qu’il m’importe de défendre ».

Nouvelle réglementation européenne en vue

Une conception de la liberté d’expression très éloignée de celle défendue par Elon Musk, fervent partisan du free speech, qui estime au contraire, dans une conception très libertarienne, que cette dernière ne doit connaître aucune limite.

Plus encore, le milliardaire américain n’a jamais fait mystère de son opinion au sujet des restrictions sanitaires mises en place pour lutter contre la pandémie, surtout lorsqu’elles ont signifié la fermeture temporaire de son usine Tesla en Californie.

« Dire aux gens qu’ils ne peuvent pas quitter leurs maisons et qu’ils seraient arrêtés s’ils le faisaient, c’est fasciste. Ce n’est pas démocratique. Ce n’est pas la liberté. Rendez aux gens leur satanée liberté », s’était-il emporté en avril 2020, lors d’une conférence téléphonique pour les analystes financiers.

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Les très grandes plates-formes en ligne, comme Facebook, Amazon ou Twitter, devront appliquer « vers l’été 2023 » la nouvelle législation de l’Union européenne (UE) entrée en vigueur en novembre pour éliminer les zones de non-droit sur Internet.

Ces règles incluent l’obligation d’agir « promptement » pour retirer tout contenu illicite dès que la plate-forme en a connaissance, ou l’obligation d’informer les autorités judiciaires quand elles soupçonnent une « infraction pénale grave ».

Elles comprennent aussi des interdictions, comme celles d’exploiter les données « sensibles » des utilisateurs (genre, tendance politique, appartenance religieuse…) pour de la publicité ciblée. Et des obligations de transparence, comme la publication des principaux paramètres utilisés par les systèmes de recommandation.

Twitter doit « significativement augmenter ses efforts »

L’avertissement lancé par Emmanuel Macron jeudi vient ainsi en soutien à celui adressé mercredi par la Commission européenne au milliardaire, par la voix de son commissaire au marché intérieur, le français Thierry Breton, lors d’un échange téléphonique. Le Français a rappelé à Elon Musk que l’entreprise devait « significativement augmenter ses efforts » si elle voulait se conformer aux règles européennes en matière de lutte contre la désinformation.

« Soyons clairs : il reste encore un énorme travail à accomplir » et Twitter devra « renforcer considérablement la modération des contenus, protéger la liberté d’expression et s’attaquer avec détermination à la désinformation », a-t-il affirmé, selon un compte rendu de l’échange communiqué à Bruxelles.

MM. Musk et Breton « ont convenu que les services de la Commission effectueront un test de résistance au siège de Twitter début 2023, ce qui permettra à Twitter d’évaluer sa mise en conformité avant même les délais légaux », a précisé le commissaire européen.

Depuis son récent rachat de Twitter, Elon Musk a par ailleurs réautorisé le retour de nombreux comptes suspendus ou bannis du réseau social. Parmi eux, celui de l’ancien président Donal Trump, suspendu en janvier 2021 pour appel à la violence, après l’assaut du Capitole conduit par ses partisans.

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Le Monde avec AFP



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