Juste avant de s’envoler vers la Nouvelle-Calédonie en pleine crise, Emmanuel Macron s’est avancé sur un terrain plus conquis : le président de la République s’est exprimé, mardi 21 mai, sur un de ses thèmes de prédilection – l’intelligence artificielle (IA) – devant un parterre d’ingénieurs et entrepreneurs du secteur conviés à l’Elysée. « Nous avons la capacité d’être un des pays champions de l’IA », a-t-il lancé.
A la veille de l’ouverture du salon de l’innovation Vivatech à Paris, cette prise de parole visait à reprendre plusieurs des recommandations du rapport rendu mi-mars par la commission de l’IA. Et tenter de placer encore davantage Paris en « capitale de l’IA », dans la perspective de la tenue d’un sommet international sur le sujet, les 10 et 11 février 2025, dans la foulée de ceux organisés par Londres en novembre 2023 et par Séoul ce mardi, en visioconférence.
Comme la commission de l’IA, l’Elysée tient à présenter cette technologie sous un jour « positif ». La maîtriser est un « défi existentiel » pour la France, a estimé M. Macron, qui pourrait soutenir la croissance. « Sur des sujets cruciaux comme la santé, l’éducation, la transformation de l’Etat ou le climat, ce que l’IA va permettre de faire est une révolution fondamentale », a-t-il argumenté.
Un « nouveau fonds très significatif »
Concrètement, M. Macron a d’abord posé comme objectif de passer de 40 000 à 100 000 le nombre de personnes formées à l’IA par an (dont 20 000 en formation continue). L’idée est de « massifier » les formations dédiées dans les universités et les écoles et de doter de 400 millions d’euros supplémentaires les neuf « clusters » d’IA français, des pôles d’excellence universitaires.
Pour disposer de la puissance de calcul nécessaire à entraîner et faire fonctionner les grands modèles capables, par exemple, de générer du texte ou des images, la France doit « accueillir de nouveaux data centers », a aussi plaidé le chef de l’Etat, voyant dans « l’énergie décarbonée et pilotable » du nucléaire un « avantage compétitif énorme ». Il a salué les infrastructures annoncées au sommet Choose France par Microsoft, Amazon ou Equinix. Paris « discute aussi avec des acteurs des Etats-Unis et de Taïwan avec la volonté, dans les douze à dix-huit mois, de faire produire des semi-conducteurs dédiés à l’IA en France ou en Europe », a-t-il expliqué.
M. Macron a aussi souhaité que « sur l’IA comme sur l’environnement, l’Europe ne soit pas le continent qui régule le plus en investissant le moins ». Il plaide pour un doublement des budgets européens consacrés à l’IA : en France, il a annoncé la création d’un « nouveau fonds très significatif, souscrit à un quart par l’Etat, pour accompagner les secteurs les moins bien financés et les plus technologiquement liés à l’IA », comme les puces électroniques, les centres de données ou les grands modèles de traitement du langage. Le but est d’éviter le recours à des structures américaines dans les très grosses levées de fonds de start-up comme Mistral ou H, qui a levé ce mardi 220 millions d’euros à Paris.
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