Les données sont le carburant des technologies d’intelligence artificielle. Mais leur appropriation par certaines entreprises ne se fait pas sans heurts.
De nombreux internautes utilisant le réseau X/Twitter avaient ainsi remarqué au début du mois de mai l’apparition d’un nouveau paramètre coché par défaut dans les options du réseau social.
Il autorise celui ci à collecter l’activité des utilisateurs pour alimenter des modèles d’intelligence artificielle développés par xAI, la nouvelle startup d’intelligence artificielle lancée par Elon Musk.
Pause tardive
Mais l’autorité de protection des données irlandaise, dont dépend X/Twitter, a annoncé jeudi dernier être parvenue à un accord avec le réseau social afin de suspendre cette collecte des données.
Cet accord a été obtenu dans le cadre d’une procédure initiée par la DPC (Data Protection Commission) lui permettant d’interdire, avec l’aval d’un juge, une collecte de données si l’autorité de protection considère qu’elle attente aux droits des personnes.
Plutôt que d’attendre la décision du juge, X/Twitter a donc décidé de suspendre en Europe la collecte par défaut des données.
Plaintes à la chaîne
Mais si cette concession pourrait suffire à apaiser l’autorité irlandaise de protection des données, elle ne convainc pas les ONG. L’association autrichienne Noyb annonce ainsi aujourd’hui avoir déposé des plaintes dans neufs pays membres de l’Union Européenne.
L’association estime que la réponse de la DPC n’est qu’une « demi-mesure ». Celle-ci n’a obtenu qu’une suspension temporaire de la collecte jusqu’au mois de septembre. Surtout, elle ne se prononce pas sur la légalité de la collecte en elle-même.
Noyb questionne également la conformité de cette collecte vis à vis de plusieurs obligations du RGPD, notamment l’obligation d’obtenir le consentement éclairé des utilisateurs avant de collecter les données.
Les réseaux sociaux avides de données
Dans le cas de X/Twitter, cette collecte n’a pas été vraiment annoncée officiellement par le réseau social : « Il semblerait que la plupart des gens ont découvert le nouveau paramètre grâce à une publication virale d’un utilisateur nommé « @EasyBakedOven » le 26 juillet 2024 – plus de deux mois après le début de de l’entraînement du modèle. »
Noyb est déjà montée au créneau face à des pratiques très similaires chez Meta, qui avait elle aussi tenté au mois de juin de collecter les données de ses utilisateurs sans leur demander la permission pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle.
Là aussi, l’association avait déposé toute une série de plaintes, qui avait poussé la société américaine à suspendre sa collecte des données en attendant de clarifier la légalité du procédé.
13/08 : Article mis à jour pour corriger une erreur sur le nombre de plaintes déposées par noyb